Avec les vaccinations, entretiens pharmaceutiques et bilans de médication, le pharmacien partage désormais son temps entre le bureau, le comptoir et l’espace de confidentialité. Tant le fonctionnement de l’équipe que la répartition des rôles de chacun, adjoints comme préparateurs, s’en ressentent. Près de 90 % des pharmaciens pensent proposer la vaccination, 60 % sont intéressés par la réalisation d’entretiens : l’envie est bien là, même si les freins à lever sont nombreux. Le premier est économique : le décalage du paiement des entretiens a rendu méfiants nombre de titulaires. Le second est organisationnel : libérer du temps pharmaceutique implique de modifier la répartition des tâches au sein de l’équipe. Or, « personne ne doit se sentir exclu de cette évolution. La FSPF souhaite emmener un maximum d’officines pour réussir ces missions, c’est tout le réseau qui y gagnera » a affirmé Philippe Denry, vice-président du syndicat. Pour cela, le positionnement des adjoints et préparateurs doit évoluer. « On ne pourra pas mettre en place les missions si toute l’équipe ne participe pas », a pour sa part souligné Alain Guilleminot, président de l’Utip. Pour Pierre Béguerie, président de la section A de l’Ordre des pharmaciens (titulaires), les préparateurs pourraient jouer un rôle de santé publique auprès des patients, juste avant la réalisation d’une vaccination ou d’un entretien. Une invitation qui a réjoui Christelle Degrelle, préparatrice et représentante du syndicat CFE-CGC : ses collègues souhaitent être intégrés au plus grand nombre de missions possible, pour « briser le plafond de verre » qui restreint actuellement le cadre de leurs fonctions. Jérôme Parésys-Barbier, président de la section D de l’Ordre des pharmaciens (adjoints) a quant à lui appelé à un changement du rapport entre pharmacien et préparateur, évoquant « un nouveau positionnement gagnant-gagnant ».
La formation, pivot de l'évolution
La question de la formation, déjà centrale pour la réalisation des nouvelles missions, est encore plus aiguë concernant les préparateurs. Pour Christelle Degrelle, ces derniers sont prêts à une réforme : « Cela fait une dizaine d’années que nous travaillons sur le référentiel du diplôme. Nous voudrions que notre formation initiale nous permettre de seconder le pharmacien. » De son côté, Alain Guilleminot a estimé que la notion de « préparateur en pratique avancée », à l’image du nouveau statut ouvert aux infirmiers, était un modèle à prendre en compte. Par ailleurs, des universités réfléchissent à des expérimentations sur la formation des préparateurs : elle évoluerait vers « un passage universitaire », a indiqué Philippe Denry, « avec pour objectif l’obtention d’un niveau licence, soit bac + 3 ». L’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf), également demandeuse d’une modification de la formation des pharmaciens, a quant à elle appelé à intégrer, au-delà des compétences scientifiques, des enseignements centrés sur le savoir-faire et le savoir-être. « Des modules sur la vie de l’officine seraient les bienvenus pour aborder des cas pratiques », a souligné Gautier Davrainville-Simonato, son président. Ces nouvelles missions sont donc l’occasion d’une transformation profonde du fonctionnement des officines mais aussi le catalyseur d’une petite révolution dans la formation des préparateurs et pharmaciens.