Parmi les allergies alimentaires, il en est une peu connue : le syndrome alpha-Gal ou SAG. Il s’agit d’une réaction allergique IgE-médiée à l’alpha-Gal, un disaccharide présent chez tous les mammifères à l’exception des primates. C’est au milieu des années 2000 aux États-Unis que le SAG commence à attirer l’attention : lors d’essais cliniques sur le cétuximab, un anticorps monoclonal dirigé contre certains cancers, 22 % des patients de la cohorte habitant le Tennessee et la Caroline du Nord développent de graves réactions d’hypersensibilité. Le cétuximab et l’alpha-Gal ayant en commun 7 épitopes, les investigations concluent que ces populations ont été sensibilisées à ce dissaccharide par des morsures de tiques, très fréquentes dans ces États. Au fil du temps, de plus en plus de cas d’allergie à la viande sont documentés, notamment chez des chasseurs friands d’agapes carnées vivant dans des zones boisées.
Phénomène mondial émergent
Ce phénomène mondial émergent vient d’être décrit dans un article du Jama du 8 décembre 2023. On y lit qu’« aux États-Unis, 110 000 cas de SAG ont été signalés entre 2010 et 2022 », celui-ci étant « plus fréquemment diagnostiqué dans le sud, le centre et l’est des États-Unis » où la tique Lone star est incriminée. Les cas augmentent aussi en Australie à cause de la tique Ixodes holocyclus et en Europe avec Ixodes ricinus. Le mécanisme est désormais connu : lors d’une morsure, la tique injecte une protéine mimétique de l’alpha-Gal présente dans sa salive, induisant chez la personne piquée une réaction avec développement d’IgE. Cette dernière sera alors susceptible de déclarer un SAG lorsqu’elle dégustera de la viande de bœuf, chevreuil, cheval, agneau, lapin, chèvre ou encore porc avec, à la clé, une potentielle menace pour son pronostic vital. Si le diagnostic est complexe car les symptômes surviennent 3 à 6 heures après l’ingestion, le problème majeur est qu’une atteinte de SAG implique non seulement une exclusion totale de la viande de mammifère, mais également une attention toute particulière vis-à-vis de certains médicaments. Hormis le cétuximab, il est ainsi très fortement conseillé d’éviter la prise d’antivenin de serpent ou encore d’héparine en raison d’un risque non négligeable de réaction allergique. Bon à savoir au comptoir !
Info !