Almirall ne baisse pas les bras : toujours à la recherche du juste prix pour son spray buccal à base de cannabis, Sativex, le laboratoire organisait mardi matin une conférence de presse en présence notamment de la Ligue française contre la sclérose en plaques (SEP) et du réseau SEP Île-de-France Ouest pour mettre la pression sur le Comité économique des produits de santé (CEPS). Les professeurs Patrick Vermersch, chef de service de neurosciences du Centre hospitalier régional universitaire de Lille, et Djamel Bensmail, chef du service de médecine physique et de réadaptation de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, s'y sont également fait l'écho des patients. Cette démarche – inédite en France – permettra-t-elle de débloquer la situation ?
Le directeur général d'Almirall France, Christophe Vandeputte, a de nouveau insisté en rappelant que « les patients [étaient] plus qu'en attente de ce produit » depuis l'annonce, en grande pompe, par la ministre de la Santé elle-même, de l'obtention d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour Sativex en janvier 2014. Une AMM qui avait nécessité un décret pour devenir légale. Cinq mille malades atteints de spasticité modérée à sévère pourraient benéficier au long cours de cette spécialité, a ainsi estimé Patrick Vermersch.
Le grand écart
Problème : le CEPS et Almirall semblent très loin d'avoir trouvé un accord. En effet, le laboratoire a proposé un prix à la boîte d'environ 350 euros mensuels, inférieur de 20 % au prix moyen européen. Or la proposition du CEPS est... cinq fois moins élevée. « Alors que, partout en Europe, on nous propose entre 11 et 15 euros par jour, en France on nous propose 2 euros[soit 60 euros par mois, NDLR] », s'indigne Christophe Vandeputte. Le CEPS s'appuie notamment sur l'avis de la Haute Autorité de santé, qui estime que Sativex n'apporte aucun progrès thérapeutique et lui a attribué une note d'amélioration du service médical rendu (ASMR) de niveau V.
À ce prix-là, « ça n'est pas possible », répète le dirigeant, compte tenu des coûts fixes de sécurité et de traçabilité et des droits de commercialisation, qui représenteraient 60 à 70 % du prix. Résultat, le dirigeant s'alarme de ne « pouvoir mettre Sativex à disposition des malades en France », tout en soulignant, comme il le fait depuis quelques semaines, « que la porte est grande ouverte » et en appelant à un « arbitrage politique ». Marisol Touraine interviendra-t-elle ?