Alerte rouge dans les agences sanitaires : quelques-uns de leur experts les plus éminents – Gilles Bouvenot, ex-président de la commission de transparence (CT) de la Haute Autorité de santé (HAS) entre 2003 et 2014, Bernard Avouac, son prédécesseur à ce poste de 1989 à 1998, Jean-Pierre Reynier, vice-président de la commission d'autorisation de mise sur le marché de 1994 à 2002, Christian Jacquot, membre de cette même commission de 1996 à 2012 et Renée-Liliane Dreiser, experte auprès de la CT – sont au cœur d'une polémique depuis que Mediapart a révélé leurs activités de consultants auprès de laboratoires comme Lundbeck ou Lilly désireux de présenter sous un meilleur jour leurs dossiers d'autorisations de mise sur le marché.
Opacité au sommet
Devant la tempête médiatique qui se levait, la réaction des autorités a été presque immédiate. Pressée par Marisol Touraine, ministre de la Santé – qui a fait de la transparence un de ses axes de gouvernance –, il n'a pas fallu quarante-huit heures après la publication de l'article de Mediapart « Les gendarmes du médicament faisaient affaire avec les labos » pour que l'Agence du médicament (ANSM) annonce avoir saisi le Procureur de la République et « mis en place une mission d’enquête administrative interne afin de dresser un état des lieux sur le rôle des personnes visées dans l’article au sein des instances consultatives de l’Agence jusqu’en 2011 ». La HAS l'a même devancée de 24 heures en annonçant hier le lancement d'un audit interne, précisant que « s’ils étaient avérés, ces faits iraient à l’encontre des obligations réglementaires en vigueur incombant aux experts et membres des commissions en matière de gestion de liens d’intérêts ». Le cas de deux antidépresseurs, le Cymbalta (duloxétine, Lilly) et le Seroplex (escitalopram, Lundbeck), cités dans l'article, sera sans nul doute particulièrement examiné.