Alors qu'un certain Emmanuel Macron dirigeait le ministère de l'Économie et donnait son nom à une loi, près de neuf pharmaciens sur dix se sont mis en grève le 30 septembre 2014. Il faut dire que le rapport sur les professions réglementées concocté par Bercy, datant de 2012 mais paru au forceps en septembre 2014, ne prévoyait rien moins que l'ouverture du capital, la libéralisation de la vente de l'OTC en grandes surfaces ainsi que la dérégulation de l'installation des officines. Avant d'être amendé dès octobre 2014 par le plus mesuré rapport Ferrand, qui, lui, ne préconisait plus que d'assouplir « les règles de transfert et de regroupement des officines » et d'autoriser « les cessions d’officine dans les cinq ans suivant un transfert » ou encore la vaccination à l'officine. C'est ce dernier texte qui a servi de patron à la loi Touraine et dont les pharmaciens attendent encore le dernier développement avec la fameuse ordonnance réseau qui n'est, à ce jour, toujours pas sortie du Conseil d'État. Le suspense n'est donc pas clos. Et suite aux révélations de nos confrères du Quotidien du pharmacien, le doute est à nouveau permis sur les intentions du gouvernement.
Un simple « brainstorming »
En effet, une réunion « technique », selon les termes du ministère de la Santé, s'est bel et bien tenue vendredi 10 novembre. Du côté du ministère de l'Économie, on indique n'avoir participé, ni à Bercy ni ailleurs, à aucune réunion relative aux professions réglementées, « que ce soit vendredi ou ces dernières semaines ». À écouter le ministère de la Santé, cette réunion n'avait pas « vocation à aboutir à une prise de décision particulière et n’a pas été l’occasion de propositions concrètes. Elle s’est déroulée sous la forme d’un brainstorming sur des sujets nombreux et variés, et dont les professions de santé n’étaient pas le principal ».
Interrogé sur une éventuelle réforme des professions réglementées, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a répondu le 15 novembre par une pirouette : « Je n'ai pas d'information à ce sujet. Il n'y a pas de calendrier dont le secrétaire d'État des relations au parlement [poste qu'il occupe par ailleurs, en charge notamment du programme législatif du gouvernement, NDLR] aurait connaissance. » On laissera la conclusion à Agnès Buzyn qui veut rappeler « la place essentielle qu’elle veut attribuer au pharmacien au cœur de sa stratégie nationale de santé [...]. Les décisions éventuelles du ministère seront cohérentes avec ces intentions ». Il ne reste qu'à espérer que les intentions de la profession et celles de l'avenue de Ségur seront alignées.