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Beyfortus : le compte n'y est pas

La rémunération de la délivrance de ce nouvel anticorps anti-VRS fait tousser les officinaux qui l'estiment dérisoire.

© adobestock_oleksandr pokusai

La mise sur le marché de Beyfortus (Sanofi/AstraZeneca) constitue une mini révolution dans la prise en charge des nourrissons face au risque de bronchiolite à virus respiratoire syncytial (VRS). Alors que 2 à 3 % des enfants de moins de 1 an seraient pris en charge chaque année en milieu hospitalier pour une bronchiolite sévère, les essais cliniques ont montré que ce nirsévimab permettrait d’éviter plus de huit hospitalisations sur dix. L'administration se fera à la maternité pour les bébés nés à partir du 12 septembre 2023 tandis que les enfants nés entre le 6 février 2023 et cette date pourront bénéficier d'un rattrapage en ville, via une prescription réalisée par un généraliste ou un pédiatre. Cependant, la procédure d'exception régissant la mise à disposition de ce médicament en ville et les conditions financières de celle-ci agacent fortement les officinaux, venant ternir leur enthousiasme.

De nombreuses contraintes

Selon le DGS-Urgent du 24 août 2023, les seringues pré-remplies de Beyfortus devraient être mises à disposition par l'État dans les pharmacies de ville qui les commanderont. La délivrance se fera ensuite, sans facturation, aux familles disposant d'une ordonnance de leur médecin. Le délai de livraison des officines après une commande « est estimé à 3 à 4 jours et jusqu’à 5 à 6 jours en cas de week-end ». À noter que ce médicament devra être conservé au réfrigérateur et qu'une fois extrait du froid, il devra être utilisé dans les huit heures. Comme le déplore la FSPF dans un communiqué daté du 6 septembre, les modalités précises de commande ne sont actuellement pas connues : « La Direction de la Sécurité sociale (DSS) n’a toujours pas établi de cadre fixe permettant [leur] réalisation. » Le montant de l'indemnité a, lui, été divulgué : il sera de 4,11 euros, un chiffre jugé « dérisoire » par les représentants syndicaux. La FSPF a indiqué s’opposer à cette tarification perçue comme « aussi inadaptée qu’injuste », « ne tenant nullement compte du surcroît de travail pour le pharmacien ». La Fédération n'a pas manqué de relever que cette somme est « largement inférieure aux 22 euros facturés à l’Assurance maladie par le pharmacien hospitalier pour le même acte ».

Par Alexandra Chopard

8 Septembre 2023

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