L'attente était interminable et la tension palpable. Alors que la dernière convention pharmaceutique avait arrêté que sa partie économique serait négociée par le biais d'un avenant discuté à la rentrée 2023, les syndicats ne voyaient toujours rien venir. Après quelques longues semaines de relances incessantes à l'endroit des pouvoirs publics, ponctuées par une mobilisation nationale et le lancement d'une pétition, le coup d'envoi de la négociation a enfin été calé au mardi 19 décembre. C'est en effet muni de la lettre d'orientation que le ministre de la Santé lui a adressée que le directeur général de l'Assurance maladie, Thomas Fatôme, a obtenu des partenaires sociaux réunis au sein du Conseil de l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (Uncam) le mandat lui permettant d'ouvrir les discussions avec les représentants des pharmaciens d'officine.
Le sevrage tabagique en bonne place
Même si les deux syndicats représentatifs de la profession, unis pour l'occasion, viendront avec l'ensemble de leurs revendications, c'est bien sur la base des préconisations ministérielles contenues dans la lettre signée par Aurélien Rousseau que sera menée la négociation. Ce dernier souhaite d'emblée que le futur avenant « traduise la confiance accordée à la profession des pharmaciens dont le champ des compétences a été régulièrement élargi en matière de prévention, de vaccination, de renouvellement des prescriptions ou de réalisation des tests de diagnostic ». Il précise en outre que la mesure prévue dans le PLFSS pour 2024 relative à « la dispensation des antibiotiques sans ordonnance dès lors que le résultat d'un test de dépistage le justifie (actuellement Trod angine ou bandelette urinaire pour les cystites simples) y contribuera en fixant une rémunération adaptée ». Par ailleurs, à cette évolution du rôle des officinaux que le ministre qualifie d'« historique », il désire que s'adjoigne un renforcement de leur contribution en matière de prévention, et particulièrement « la mise en œuvre des nouvelles interventions des pharmaciens en matière d'accompagnement au sevrage tabagique ».
De nouveaux entretiens opioïdes
Concernant le cœur du métier, les médicaments, le ministre insiste sur le fait que la négociation devra « permettre d'identifier les leviers de contribution des pharmaciens, au même titre que les autres professionnels de santé, à la régulation des volumes basée sur la pertinence des soins ». Il est également question de « relancer les prestations d'accompagnement des patients chroniques et des femmes enceintes [et d'en proposer] de nouvelles telles que les entretiens visant à conseiller et alerter les patients sur leur consommation d'opioïdes », tout comme d'améliorer le taux de pénétration des biosimilaires ou de participer à la réduction de la polymédication.
Valoriser la dispensation et surveiller le maillage
L'un des axes présentés dans cette lettre de cadrage est de « poursuivre l'objectif de désensibilisation de la rémunération des pharmaciens aux prix des médicaments », par le biais notamment de la valorisation des honoraires de dispensation et du conseil. Quant à la pertinence de la délivrance et la lutte contre les pénuries, Aurélien Rousseau évoque notamment les leviers des ordonnances conditionnelles, de la dispensation à l'unité ou encore de la dispensation adaptée. Outre le renforcement de la lutte contre la fraude et le développement de pratiques toujours plus respectueuses de l'environnement, le ministre souhaite enfin que soit lancée une analyse des « dynamiques à l'œuvre » concernant le maillage officinal afin d'identifier les officines en difficulté et les territoires en voie de fragilisation. Il est stipulé que ces travaux « pourraient venir enrichir l'Observatoire de l'économie officinale dont les missions pourraient être élargies à une analyse prospective du réseau officinal ».