Si les difficultés d’accès aux médicaments sont à présent récurrentes dans notre pays, il est clair que cette situation n’est pas exclusivement hexagonale et qu’elle est notamment provoquée par « une certaine forme de concurrence entre les États », comme l’a expliqué, à l’occasion d’une conférence de presse le 11 mai 2023, le syndicat des industriels du secteur. C’est pourquoi ce dernier tient à insister sur la dimension européenne de ce dossier, au moment où sa contribution à l’élaboration de la feuille de route interministérielle 2023-2025 sur le thème de l’accès au médicament est dévoilée.
Priorisation, financement et communication
Pour Les Entreprises du médicament, trois grands axes d’action se dégagent. La définition d’une liste prioritaire de molécules permettrait d’accorder une attention particulière aux médicaments dits « d’intérêt sanitaire et stratégique » (MISS). Elle devrait bien sûr « se voir assortie d’actions immédiates et à moyen terme pour favoriser l’approvisionnement de ces molécules sur le territoire ». En parallèle, le syndicat appelle le gouvernement à « solvabiliser le modèle économique du médicament », notamment en revalorisant le prix de certains médicaments matures indispensables, d’autant plus en difficulté que l’inflation actuelle est importante. Enfin, pour que ce long moment de crise soit le moins complexe à supporter par les patients et les professionnels de santé dont les pharmaciens, le Leem plaide pour l’optimisation de l’information relative à la disponibilité des médicaments en cas de tensions.
Des solutions concrètes
Au quotidien, les équipes officinales et les prescripteurs perdent beaucoup de temps à gérer les conséquences concrètes des pénuries. Or, du point de vue des laboratoires, « il est très difficile d’informer correctement les patients et les professionnels de santé, qui sont en première ligne face aux ruptures de stocks » et cela « même si les entreprises répondent aux obligations réglementaires de mise à disposition des informations dont elles ont connaissance ». Le Leem propose donc d’ouvrir l’accès à la plateforme de suivi TRACStocks (pour Traçabilité, Risque, Anticipation, Consolidation des stocks), mise en place en 2020, pour que tous les acteurs de la chaîne du médicament puissent y avoir accès en temps réel et que les informations relatives à la répartition soient également disponibles. En parallèle, les logiciels d'aide à la prescription des médecins pourraient être dotés d'un module d'information sur l'état des stocks des spécialités qu'ils s'apprêtent à prescrire à leurs patients.