Les délistages sur décision des autorités sanitaires françaises ne sont pas monnaie courante. Ne pas s’y méprendre, celui d’EllaOne intervenu récemment relevait d’une décision de la Commission européenne. « En France, le délistage reste très faible », a regretté Pascal Brossard, président de l’Association française des industriels pour une automédication responsable (Afipa), lors de la présentation de son baromètre annuel : un seul en 2013, aucun en 2014, soit un total de sept seulement depuis 2008. « Deux autres molécules sont en cours d’étude à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ; nous devrions avoir des nouvelles dans quelques semaines », a-t-il ajouté. Mais cela reste insuffisant à ses yeux : « plus de 60 principes actifs sont listés en France alors qu’ils sont délistés dans d’autres pays », dénonce le défenseur de l’automédication.
« Manque de volonté politique »
Selon lui, le « manque de volonté politique » expliquerait en partie le retard du marché français de l’automédication par rapport aux autres pays européens. Dernier exemple en date : le rejet unanime en 2013 de l'exonération de la liste II du Cystidose (fosfomycine 3 g, Pierre Fabre) par la Commission de suivi du rapport entre les bénéfices et les risques des produits de santé de l'ANSM.
Cette dernière confirme tout de même que deux laboratoires ont fait une demande de délistage, sans toutefois préciser ni noms, ni classes thérapeutiques, secret des procécures oblige. Et précise que « cette démarche n’est pas liée à la demande de Marisol Touraine de déclasser plusieurs médicaments », qui a agité le monde de la santé en fin d'année dernière. Cela semble aller de soi mais cela va mieux en le disant. Une fois que l’Agence aura instruit le dossier, si son avis est favorable, l’Académie de pharmacie devra être consultée avant qu’un arrêté de délistage soit proposé au ministère de la Santé. En bref, il va encore falloir être patient pour voir arriver les successeurs de l'ésoméprazole dans vos rayons OTC.