Les frais liés à la contraception des jeunes filles de moins de 15 ans seront désormais intégralement pris en charge par l'Assurance maladie. Cette disposition était inscrite dans le budget de la Sécurité sociale pour 2020, mais c'est un décret publié le 27 août au Journal officiel qui l'entérine. Les mineures de moins de 15 ans n'auront plus à payer le ticket modérateur pour obtenir la pilule contraceptive, ni pour régler les consultations de médecins ou de sages-femmes, les examens biologiques ou les dispositifs contraceptifs. Le gouvernement s'était alerté fin 2019 de ce que « chaque année, près de 1000 jeunes filles de 12 à 14 ans [soient] enceintes en France » et déploré que « parmi ces grossesses, 770 se concluent par une IVG ». L'idée est donc de faire reculer le recours à l'avortement dans cette classe d’âge, à l'image de ce qui s'est passé avec les 15-18 ans suite à la gratuité décidée en 2013 : entre 2012 et 2018, le taux de recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) pour ces jeunes filles est passé de 9,5 à 6 pour 1000.
« La gratuité est fondamentale »
Israël Nisand, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) qui bataille depuis 20 ans « pour la confidentialité et la gratuité de la contraception dès le début de la vie sexuelle » précise qu’ « il y a des jeunes femmes qui ont une vie sexuelle à 14 ans » et se réjouit donc de cette nouvelle mesure. Il fait d’ailleurs figure de précurseur avec son dispositif Info Ado qui fournit, depuis 2013, aux 13-18 ans de Strasbourg et de la vallée de la Bruche « une contraception gratuite et confidentielle sans examen gynécologique à tous les jeunes. Ils sont 2 500 par ans à venir à Info Ado, y compris des garçons à qui on donne des préservatifs ». Le gynécologue obstétricien « applaudit des deux mains » la nouvelle mesure car il considère que « la gratuité est fondamentale ». Selon lui, il était aberrant que l'IVG soit gratuite mais pas la contraception, entrainant le fait de se retrouver « face à des jeunes filles qui arrivent pour leur troisième IVG en disant " C'est mon droit, et d'ailleurs l'IVG est gratuite alors que la contraception ne l'est pas "… ».