Elle fait l’unanimité, mais contre elle ! La dispensation à l’unité (DAU) ne remporte décidément aucun suffrage auprès des acteurs de la chaîne du médicament. Et son inscription dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2024 n’y change rien. En première ligne, les pharmaciens d’officine ont dénoncé à de multiples reprises cette « fausse bonne idée ». C’est maintenant au tour des industriels de lister les nombreuses raisons en défaveur de son application.
Pour Thierry Hulot, président du Leem, « qu’on délivre par boîte ou par comprimé, on ne fait pas 1 centime d’économie : si le traitement dure sept jours, on délivre une boîte pour sept jours, si c’est un traitement pour trente jours, on délivre une boîte pour trente jours ». Il veut bien entendre qu’une optimisation des conditionnements soit parfois nécessaire et se dit prêt à y travailler, mais rejette résolument la dispensation à l’unité comme solution puisqu’elle est source de nouveaux problèmes.
Perte de temps et de traçabilité
« Aujourd’hui, chaque boîte possède un système d’identification unique pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un médicament contrefait. Comment fait-on si on délivre à l’unité ? », s’interroge le président du Leem. Il pointe aussi le temps perdu par le pharmacien qui ouvre la boîte et découpe les blisters pour reconditionner les comprimés extraits dans un nouveau sachet. « Dire que la dispensation à l’unité va améliorer le bilan carbone, c’est une vue de l’esprit », lâche-t-il, avant de déplorer la perte de traçabilité qu’elle risque d’induire. « Si on a un problème de qualité au niveau d’un lot, on va avoir toutes les peines du monde à retrouver les médicaments. »
Outre l’optimisation des conditionnements des médicaments, Thierry Hulot préconise plutôt de travailler pour parvenir à une présentation unique européenne des spécialités et à un QR code international.