Cela commence par un constat amer. Le référé de la Cour des comptes publié le 14 février et intitulé « La pertinence de la prescription des antibiotiques » avère « l’échec des deux derniers plans de réduction de la consommation d’antibiotiques en ville ». Après un premier effort couronné de succès entre 2001 et 2005, la période comprise entre 2005 et 2016 s'est soldée par une augmentation de 30 % de la consommation en ville de ces molécules. « L’objectif d’une réduction de 25 % de la consommation indiqué dans le plan national d’alerte sur les antibiotiques (2011-2016), déjà modeste au regard de la situation de départ de la France, a donc dû être reporté à 2020 », pointent les sages de la rue Cambon. Si les causes sont connues, le référé de la Cour les énumèrent à nouveau : un « recours excessif aux antibiotiques », des « prescriptions trop approximatives » – soit trop courtes, soit trop longues – et enfin « un mode de dispensation [par boîte, NDLR] qui amplifie le mésusage ». Les pharmaciens sont évidemment concernés au premier chef par cette dernière constatation.
Retour en grâce des Trod
La Cour se base sur les résultats de l’expérimentation de 2015 de dispensation à l’unité des antibiotiques qui permet « d’économiser 10 % de la consommation totale, avec pour avantage accessoire de limiter l’automédication ». Elle précise de plus que « la dispensation à l’unité fonctionne dans de nombreux pays (Royaume-Uni, Pays-Bas, République tchèque, États-Unis) et [que] les difficultés transitoires de cette transformation ne doivent pas conduire à y renoncer et à la différer ». La stratégie de la ministre, exposée dans la réponse qu’elle fait à la Cour, est on ne peut plus claire : « La dispensation à l’unité des antibiotiques est en cours de mise en place, dans un premier temps sur quelques antibiotiques parmi les plus prescrits pour lesquels il existe une présentation adaptée ». De fait, le ministère a confirmé le 14 février avoir mis sur pied un groupe dont le « calendrier de travail n'a aujourd'hui pas été arrêté », a-t-il précisé à APMnews. Autre préconisation de la Cour, celle concernant les tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) pour l'angine, « qui ne sont utilisés que par 40 % des médecins généralistes » : si leur réalisation par des pharmaciens d'officine a été longtemps contrariée par un flou juridique, Agnès Buzyn indique étudier « actuellement les modalités de l’extension de cette mesure », sans plus de détails. Il reste maintenant à passer à l'action.