La Haute Autorité de santé (HAS) se prononce en faveur de l'élargissement, pour tous les garçons âgés de 11 à 14 ans, de la vaccination anti-papillomavirus humains (HPV) par le Gardasil 9 (Merck Sharp & Dohme, MSD), dans un projet de recommandation mis en ligne mercredi 30 octobre et soumis à consultation publique jusqu'au 27 novembre. Actuellement, la vaccination contre les infections à HPV n'est recommandée que pour les jeunes filles âgées de 11 à 14 ans (et jusqu'à 19 ans inclus dans le cadre d'un rattrapage vaccinal), les hommes (jusqu'à l'âge de 26 ans) ayant eu des relations sexuelles avec des hommes et les patients immunodéprimés, filles ou garçons, jusqu'à 19 ans révolus. Elle a été introduite dans le calendrier vaccinal et remboursée à partir de 2007, trois vaccins étant commercialisés et pris en charge en France : Gardasil (MSD, disponible depuis 2007), Cervarix (GlaxoSmithKline, depuis 2008) et Gardasil 9 (depuis 2019). Pour la consultation de la HAS, associations de patients, collèges nationaux professionnels, sociétés savantes, industriels sont appelés à donner leur avis, sur le site de la HAS, avant publication de la recommandation finale.
Éviter de stigmatiser l'orientation sexuelle
« De nombreux arguments scientifiques et éthiques motivent [notre] recommandation », souligne la HAS dans un communiqué publié mercredi. « Gardasil 9 a démontré sa sécurité et son profil de tolérance est identique chez les garçons et chez les filles. Le vaccin a aussi démontré son efficacité dans la prévention des condylomes génitaux et des lésions précancéreuses et cancéreuses liées aux HPV. Les pays qui ont obtenu une couverture vaccinale élevée constatent aujourd'hui les bénéfices de la vaccination tant chez les filles vaccinées que chez les garçons indirectement protégés. » Or, la HAS pointe un problème : « En France, plus de dix ans après les premières recommandations, le constat est aujourd'hui préoccupant : seules 24 % des jeunes filles se sont fait vacciner selon un schéma complet à 16 ans, ce qui est bien en dessous de l'objectif de 60 % fixé à l'horizon 2019 dans le cadre du plan Cancer. »
La HAS insiste aussi sur le fait que « la stratégie de vaccination actuelle peut engendrer un non-respect de la vie privée et une stigmatisation liée à l'orientation sexuelle. À l'instar de la quinzaine de pays européens qui ont déjà mis en place une vaccination universelle contre les HPV pour les deux sexes, la HAS considère que la vaccination de tous les adolescents favoriserait la vaccination avant le début de leur activité sexuelle et sans distinction de préférences sexuelles ».