Au même titre que les pharmacies en territoires fragiles, la menace de financiarisation qui plane sur le secteur est au cœur des préoccupations de la profession. Successivement abordé par la Cnam, les ministres Catherine Vautrin et Frédéric Valletoux, et désormais par les sénateurs – sans oublier les Amphis de l’officine du 25 mars dernier – le sujet semble faire consensus.
Les syndicats de pharmaciens ont été reçus mercredi dernier par la commission des Affaires sociales du Sénat, dans le cadre de la mission d’information sur la financiarisation de l’offre de soins mise sur pied en janvier dernier. « L’audition s’est très bien déroulée ; nous sommes totalement en phase avec les sénateurs sur ce thème », se félicite le président de la FSPF, Philippe Besset. Rappelant que l’Europe, tout en reconnaissant le principe de subsidiarité à l’ensemble des États membres en matière de santé, a consacré l’indépendance des professionnels de santé comme étant la garantie du plus haut niveau sécurité en termes de santé publique, le syndicat a mis en garde contre toute velléité de toucher à ce pilier de la pharmacie d’officine.
Tampon conforme
« La financiarisation revêt plusieurs aspects. Le plus évident est l’entrée d’un non-professionnel au capital des officines, et cela n’est pas possible en France. En revanche, on peut très bien, par une voie contractuelle associée à la dette, en injectant de l’argent à la place du pharmacien, prendre le contrôle de l’officine grâce à des pactes d’associés qui imposent au pharmacien soi-disant titulaire de démissionner s’il n’arrive pas aux objectifs chiffrés définis dans ces pactes. Il faut que cela cesse ! », a lancé Philippe Besset lors de son Live hebdomadaire.
Diverses solutions ont été évoquées lors de cette audition. Celle que défend avant tout la FSPF est « d’obtenir que les textes contractuels, y compris les pactes d’associés, soient visés par l’Ordre », non pas dans un but informatif mais pour qu’ils soient déclarés valables. « En l’absence du tampon conforme de l’Ordre, le texte serait déclaré léonin et ne serait pas applicable », ajoute le président de la Fédération. Une idée qu’il espère retrouver dans le rapport parlementaire sur la financiarisation de la santé attendu à l’été 2024.