Les résultats de l’enquête réalisée par l'Union fédérale des consommateurs (UFC)-Que Choisir et présentés dans le numéro d’avril de son magazine méritent que l’on vienne y apporter quelques éclaircissements. L’UFC a élaboré un scénario dans lequel chacun de ses patients-mystère s’est présenté dans une officine en prétextant un gros rhume et a demandé pour lui-même une boîte d'Actifed Rhume jour et nuit ainsi qu'une boîte de Doliprane 1000 mg. Un cas d'école puisque cette association, couramment demandée au comptoir en période hivernale, présente un risque réel de surdosage en paracétamol. En tout, ce sont 772 officines réparties dans 113 communes et 19 départements qui ont été visitées au cours du mois de novembre dernier.
Sur la notice...
Dans son analyse, l’UFC-Que Choisir regrette que seuls 46 % des dispensateurs aient donné la bonne indication pour ne pas dépasser 3 grammes de paracétamol par jour (2 % d'entre eux ayant même déconseillé le médicament contre le rhume, alléguant des risques associés à la prise de pseudoéphédrine). Selon elle, les 30 % de pharmaciens qui ont délivré un conseil allant jusqu’à 4 grammes de paracétamol par jour n’avaient pas à le faire puisque la notice précise que ce dosage ne doit intervenir qu’« après l’avis du médecin et non du pharmacien ». De fait, les notices du Doliprane 1000 mg comprimé ou gélule (Doliprane Caps) indiquent toutes deux au patient que « la dose totale peut être augmentée jusqu’à 4 grammes de paracétamol par jour » en cas de « douleurs plus intenses, et uniquement sur les conseils de votre médecin ».
...mais pas sur le RCP
En revanche, et c’est là que l’UFC pêche par imprécision, le résumé des caractéristiques du produit (RCP) pour ces mêmes présentations indique qu’« en cas de douleurs plus intenses, la posologie maximale peut être augmentée jusqu’à 4 grammes par jour », sans aucune mention d’une obligation de conseil médical. Le RCP étant « plus particulièrement destiné aux professionnels de santé », comme le précise l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), il est donc tout à fait légitime pour les pharmaciens de prodiguer un conseil jusqu’à 4 grammes de paracétamol par jour et l’on ne peut donc absolument pas, ainsi que l’affirme l’UFC-Que Choisir, qualifier ce conseil de « médiocre », même si conseiller 4 grammes par jour en l’absence de « douleurs intenses » peut être débattu.
Plus de vigilance
Si 76 % des pharmaciens semblent donc avoir bien fait leur travail, reste que dans 17 % des pharmacies visitées, toujours selon l'UFC, « les indications fournies […] menaient à la prise de plus de 4 grammes de paracétamol par jour », mettant clairement en danger les patients. Si l’on ajoute à ce pourcentage celui des pharmacies qui ont laissé repartir le patient sans aucun conseil, soit 7 % d’entre elles, on aboutit à une proportion de 24 % d’officines sur les 772 visitées dans lesquelles le conseil est soit absent, soit mauvais. À l'heure où plusieurs voix, dont celle de l'UFC-Que Choisir, s'élèvent pour demander la fin du monopole officinal sur les spécialités d'OTC, il ne coûte rien de redoubler de vigilance sur ce point.