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La Sécu proche de l'équilibre... mais pour combien de temps ?

La Cour des comptes dévoile un rapport sur la situation financière de la Sécurité sociale. Cette parution avant l'été est une nouveauté.

© ADOBESTOCK/FOTOMEK

Les sages de la rue Cambon ont ausculté les comptes de la Sécurité sociale. Premier diagnostic : le solde de la Sécu fait un pas supplémentaire vers l'équilibre en 2018. Le déficit agrégé du régime général et du fonds de solidarité vieillesse (FSV) se cantonne à – 1,2 milliard d'euros en 2018, alors qu'il s'élevait à – 5,1 milliards d'euros en 2017. « Rappelons qu'il atteignait – 30 milliards d'euros en 2010 », souligne Denis Morin, président de la 6e chambre de la Cour des comptes. Ce pas vers l'équilibre de 2018 est plus ample que celui anticipé lors du vote de la dernière loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) dans laquelle le déficit agrégé du régime général et du FSV était attendu à – 2,2 milliards d'euros. Comment les sages expliquent-ils ce résultat meilleur que prévu ? « Par une bonne conjoncture économique en 2018, liée à une masse salariale très dynamique dans les entreprises et à un surcroît de recettes sur les revenus de placement, probablement en lien avec l'effet d'entraînement de l'allègement de la fiscalité permis par la flat tax », analyse Denis Morin.

Le poids de la vieillesse

Mais au-delà de cette embellie conjoncturelle de 2018, avec un fort dynamisme des recettes, la Cour des comptes s'inquiète de plusieurs vrais symptômes de fragilité. « La conjoncture s'annonce moins bonne dans les années qui viennent que ce qui était prévu l'an dernier, et puis il y a le poids des mesures sociales post « Gilets jaunes » et post grand débat », égrène Denis Morin. Mais surtout, le rapport pointe une accélération significative des dépenses en 2018, + 2,4 % contre + 2 % en 2017. En cause, les dépenses de la branche vieillesse ont fortement augmenté : + 2,9 % en 2018 contre + 1,6 % en 2017. « La situation de la branche vieillesse se dégrade en 2018, et aussi d'ailleurs en 2019 », estime Denis Morin, qui rappelle qu'« une partie des générations passées avaient retardé l'âge du départ à la retraite ». En effet, à partir de 2011, le relèvement progressif de l'âge légal de la retraite de 60 à 62 ans avait freiné les départs. Or cette mesure est arrivée à son terme début 2017, si bien que 2018 est la première année où les départs s'accélèrent de nouveau. De surcroît, les prestations vieillesse ont été revalorisées fin 2017, augmentant le montant des pensions. « Du côté de la famille en revanche, les dépenses sont stables, et sur la maladie, le gouvernement a respecté l'Ondam [Objectif national de dépenses d’assurance maladie, NDLR] pour la 9e année consécutive », salue Denis Morin qui considère qu'« il a même fait un peu mieux qu'annoncé, avec un taux de progression […] de + 2,2 % au lieu des + 2,3 % anticipés lors de la loi de financement ».

Par Hélène Bry

28 Juin 2019

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