Au cours des dernières décennies, de nombreuses recherches ont affirmé que les personnes âgées ont tendance à être plus lentes que les plus jeunes dans une grande variété de tâches et de contextes cognitifs. Elles signalaient notamment une relation négative entre la vitesse mentale et l’âge, avec une tendance au ralentissement dès le début de la vie d’adulte, entre 20 et 30 ans. Mais une étude parue le 17 février 2022 dans Nature Human Behaviour, menée par des chercheurs allemands de l’Université d’Heidelberg, apporte un éclairage nouveau. Elle mérite d’autant plus d’être prise au sérieux qu’elle repose sur quasiment 1,2 million de volontaires de 10 à 80 ans, ayant répondu en ligne à différentes questions, puis classé une suite de mots dans deux catégories, positive et négative. Que dit l’étude ? D’abord, elle confirme que les temps de réponse dans les tâches de décision commencent à décliner au début et au milieu de l’âge adulte. Mais elle établit, grâce à une méthode d’inférence bayésienne (une méthode statistique par laquelle on calcule les probabilités de diverses causes hypothétiques à partir de l’observation d’éléments connus), que les temps de réponse ne sont pas des mesures de la vitesse mentale, mais représentent la somme de plusieurs processus.
La prudence fait la différence
En d’autres termes, les temps de réponse sont plus lents avec l’âge certes, mais pas à cause d’une baisse de la vitesse mentale, qui reste élevée jusqu’à environ 60 ans et ne décline qu’ensuite. Alors, qu’est-ce qui ralentit le temps de réponse ? La prudence dans la décision, très faible à l’adolescence et au début de l’âge adulte (un âge où l’on « fonce ») et le temps de non-décision, le temps requis pour les processus moteurs. « Notre découverte est encourageante car nos résultats montrent que les niveaux moyens du temps de réaction de notre cerveau, dans des contextes exigeant des décisions rapides et contraintes, ne diminuent que relativement tard dans la vie », précise l’un des auteurs dans The Guardian.
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