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Le palmarès des ordonnances suspectes

Les signalements de prescriptions falsifiées augmentent et les codéinés y détrônent le zolpidem.

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Les antitussifs codéinés et les antalgiques ont été, en 2018, les médicaments les plus cités dans l'enquête sur les « ordonnances suspectes indicateurs d'abus possibles » (Osiap), l'une des méthodes d'évaluation du potentiel d'abus et de dépendance des médicaments développée depuis 2001 par le Réseau français d'addictovigilance. Premier fait marquant en 2018, le nombre d'ordonnances suspectes a fortement augmenté, atteignant 1 950, contre 1 290 l'année précédente, et 756 en 2013. « Il s'agit des valeurs les plus élevées depuis la mise en place de l'enquête », commentent les auteurs. Deuxième information clé : « Pour la première fois depuis des années, le zolpidem n'est plus le médicament le plus cité dans l'enquête Osiap », cet hypnotique ressortant en cinquième position dans le top 20 des médicaments les plus mentionnés, avec un taux de citations de 8,6 % certainement lié aux modifications de ses conditions de prescription et de délivrance en avril 2017 (obligation d'une ordonnance sécurisée). Et ce sont désormais les spécialités antitussives codéinées qui arrivent au sommet du classement (16,3 %), suivies par des médicaments antalgiques : la codéine associée au paracétamol (13,5 % ), le tramadol (seul ou en association : 12,2 %) et la prégabaline (11,9 %).

La prégabaline en forte hausse

À noter que « cette dernière, qui était apparue pour la première fois dans la liste des 15 médicaments les plus cités en 2017 (taux de citation : 2,8 %), connaît une augmentation particulièrement importante en 2018. Ce résultat confirme les observations issues des autres données d'addictovigilance selon lesquelles l'usage abusif de prégabaline est un phénomène récent, apparu en 2011 et marqué en 2018 ». Concernant l'autre fait marquant, l'émergence massive des spécialités codéinées, les auteurs de l'enquête l'expliquent par « la modification de leurs conditions de prescription et de délivrance survenue en 2017, avec pour effet de rendre visible un comportement qui ne l'était pas lorsque ces médicaments étaient accessibles sans ordonnance ». Quant au recul du zolpidem, « il ne semble pas y avoir pour l'instant de report vers d'autres benzodiazépines », notent les experts du Réseau français d'addictovigilance.

Par Hélène Bry

22 Novembre 2019

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