En 2023, les fraudes à l'Assurance maladie émanant des pharmaciens se sont élevées à 60 millions d'euros, soit une peu glorieuse première place au sein des professionnels de santé. Tel est l'enseignement du bilan de la lutte contre la fraude présenté le 28 mars dernier par la Cnam. Ce préjudice financier est toutefois en régression par rapport à 2022 (il atteignait alors 103 millions d'euros), en raison de la diminution du nombre d'affaires en lien avec la Covid-19, et en particulier des pratiques frauduleuses autour des tests antigéniques.
Erreur ou fraude volontaire ?
Les centres de santé, avec un montant d'activités fautives de 58 millions d'euros, et les infirmiers (50 millions d'euros) talonnent les officinaux. Viennent ensuite les transporteurs sanitaires (34 millions d'euros) et, seulement après, les médecins spécialistes (23 millions d'euros) et généralistes (18 millions d'euros). Les audioprothésistes, avec 21 millions d'euros, sont pour la première fois dans le viseur de l'Assurance maladie : en 2022, aucun abus spécifique n'avait été détecté dans ce secteur. Les chirurgiens-dentistes, avec 9 millions d'euros, sont bons derniers. En volume de fraudes, les assurés sociaux arrivent en tête du palmarès (plus de la moitié des actes frauduleux sont de leur fait), mais les professionnels de santé détiennent la palme en montants incriminés (70 %). Moins nombreuses, les fraudes commises par les professionnels de santé sont donc plus coûteuses, souligne le rapport de la Cnam. Pour mémoire, en 2023, 466 millions d'euros ont été décelés et bloqués au titre de fautes, abus et fraudes par l'Assurance maladie. Philippe Besset, le président de la FSPF, avait précisé à l'occasion de la publication du premier bilan provisoire de la Cnam le 20 mars, qu'il était « impératif de distinguer les erreurs commises par certains professionnels de bonne foi des cas de fraude volontaire à grande échelle ».