Publiée le 16 juin 2021, la nouvelle enquête « Bien-Être des étudiants en pharmacie » réalisée auprès de 3 000 d’entre eux n'est pas la première à pointer le problème. En 2019 déjà, la précédente avait montré que 75 % des étudiants souffraient d'un mal-être lié à leurs études. Mais la crise sanitaire majeure que le monde vient de vivre rend les nouveaux résultats alarmants. Le constat le plus préoccupant concerne la santé mentale puisque 46 % des répondants la considèrent comme « plutôt mauvaise à mauvaise ». Une détresse qui a poussé 35 % des étudiants à « avoir des idées noires », 11 % à « se faire mal physiquement » et 13 % à « avoir envie d'en finir ». L'enquête précise même que 4 % d'entre eux ont tenté de se suicider. Noyés sous la charge de travail avec des cours à distance, 71,7 % déclarent que leurs études sont devenues « une source de stress », avec un décrochage « assez important ou total » pour 41 % d'entre eux. « Impossible pour moi de travailler seule dans un appartement à longueur de semaines. Ce n'est pas une vie, c'est la prison », lit-on. Résultat, souligne l'Anepf, 31 % des étudiants ont déjà pensé à arrêter leurs études (dont 26,8 % à cause de la pandémie) et 33 % pensent que leur diplôme a moins de valeur du fait de la crise. Et ils sont, nous apprend l'enquête, 69,7 % à considérer que « la crise a diminué leur acquisition de connaissances et de compétences » et 31,7 % à juger que « leur établissement n'a plutôt pas ou pas du tout mis en place les conditions nécessaires pour leur permettre de suivre correctement leur cursus ».
« Gavage d'oies »
Un témoignage résume le (res)sentiment général : « Ce n'est pas tant la crise ou pas la crise, le distanciel ou pas le distanciel qui est éprouvant, mais juste nos études en tant que telles. C'est simple : c'est du gavage d'oies. [...] J'appelle tous les professeurs [...] à simplifier et alléger leurs cours, ce n'est plus possible. On est là pour soigner des gens, ce serait idiot de tomber malades avant d'être sortis de la faculté, non ? » L'Anepf propose des solutions, comme former davantage de tuteurs pour repérer et suivre les étudiants en détresse et installer « un mentorat enseignant-étudiant », ouvrir les bibliothèques universitaires jusqu'à 22 heures en semaine et le week-end. Ou encore développer le contrôle continu « afin de réduire le stress lié aux examens » et améliorer « la formation des enseignants aux outils numériques et l'accès au matériel nécessaire pour les adapter au distanciel ».