La coupe est pleine. Dans un courrier commun adressé à Philippe Bouyoux, le président du Comité économique des produits de santé (CEPS), les syndicats de pharmaciens d'officine (FSPF et Uspo), celui des laboratoires pharmaceutiques (Leem) et l'organisation représentant les industriels des médicaments génériques et biosimilaires (Gemme) lui expliquent les raisons les ayant décidés à ne pas se présenter au comité de suivi des génériques (CSG) du 26 janvier dernier. Alors qu'elles avaient été averties que cette réunion instituée par la loi pour réguler le prix des médicaments dont le brevet a expiré porterait notamment sur la régulation des prix et des tarifs forfaitaires de responsabilité (TFR) de sept groupes génériques, ces organisations ont préféré la boycotter.
Menaces pour le maillage et la santé publique
À l'heure où « l'ensemble de la chaîne pharmaceutique que nous représentons se bat quotidiennement contre les ruptures », officinaux et industriels alertent sur une issue qui donnera lieu à « une détérioration de l'accès aux produits de santé et des pertes de chances pour les patients » en raison de « baisses confiscatoires [qui] vont contraindre les laboratoires à des reports de lancement et à des arrêts de commercialisation sur nombre de médicaments d'intérêt thérapeutique majeur sur le territoire français ». Par ailleurs, l'éclairage est mis sur l'équilibre économique et le maillage officinal qui s'avèrent « interdépendants des remises [...] et prestations de service » puisque cette rémunération « est incluse dans le suivi économique avec l'Assurance maladie et fait partie de l'équilibre trouvé au moment de la signature de l'avenant n° 11 [à la convention pharmaceutique, NDLR] actant le changement de rémunération ». Il est d'autre part rappelé que certaines pharmacies, notamment en milieu rural, sont directement menacées par cette régulation « dans la mesure où la remise générique représente 17 % de la rémunération des officines ».
Rompre le cycle
Dans son Live hebdomadaire, Philippe Besset, le président de la FSPF, a estimé que c'était « le moment de marquer le mécontentement général et de dire : plus de baisses de prix sur les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur de première intention ». Le mouvement entamé en novembre 2022 avec la mise en place d'une pétition ne fait d'ailleurs que commencer puisque les syndicats d'officinaux et de groupements travaillent dès à présent à « l’élaboration d’affiches pour expliquer à la population les raisons de ces ruptures ». La mise en place, sur décision de la Première ministre, d'une mission interministérielle sur la régulation du prix du médicament qui débutera le 2 février prochain est, de l'avis de Philippe Besset, la preuve que les pouvoirs publics ont entendu les appels répétés de la profession. Son souhait est de « sortir de ce cycle de baisses de prix qui dure depuis 2007 » et faire en sorte que le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) « soit le signe d’un renouveau de la politique du médicament ».