Dans son avis publié le 18 mai, la Haute Autorité de santé (HAS) estime que dans le cadre de la stratégie de dépistage des patients susceptibles d'être contaminés par le SARS-CoV-2, « les TDR [tests diagnostiques rapides, NDLR] et Trod pourraient compléter l’offre diagnostique par tests sérologiques automatisables, dans les mêmes indications et là aussi sur prescription médicale ». Elle ajoute que « les Trod sont réalisables dans davantage de lieux et par tout professionnel de santé (médecins, sages-femmes, infirmier(e)s, pharmaciens…), voire les membres formés de certaines associations qui pourraient les faire en cabinet médical, en officine ou à domicile ». Dans ce contexte, la HAS « recommande leur utilisation dans un champ plus restreint que les TDR et tests automatisables : pour les personnels soignants et d’hébergement collectif et pour les patients symptomatiques sans signes de gravité s’ils présentent des difficultés d’accès à un laboratoire de biologie médicale, mais pas à l’hôpital ». Dans la foulée de ces recommandations, la FSPF et les représentants des groupements ont saisi la balle au bond.
Dans les plus brefs délais
Pour la FSPF, il est clair que « le réseau officinal, très mobilisé depuis les premiers jours dans la lutte contre la Covid-19, doit participer au dépistage des patients infectés par le SARS-CoV-2 ». Un dépistage auquel ils n'ont pour le moment pas l'autorisation de participer puisque l’arrêté du 1er août 2016, précise que les pharmaciens ne sont habilités à réaliser que les tests capillaires d’évaluation de la glycémie ainsi que les Trod des angines à streptocoque du groupe A et de la grippe. Le syndicat interpelle donc le ministre de la Santé dans un communiqué daté du 19 mai et lui demande de « prendre les dispositions nécessaires à la modification de cet arrêté dans les plus brefs délais afin d’autoriser les pharmaciens formés à cet effet à pratiquer des Trod Covid-19 dans leurs officines sans nécessairement une prescription médicale ». La FSPF explique s'être d'ores et déjà « rapprochée des représentants des groupements (Federgy et l’Union des groupements de pharmaciens d'officine, UDGPO) qui sont en capacité de mettre rapidement à disposition des pharmaciens des Trod présentant les caractéristiques de sensibilité et de spécificité requises ». Pour le syndicat, le feuilleton chaotique des masques a d'ailleurs montré que les groupements « ont su être en avance de phase pour garantir des sources d’approvisionnement des officines ».
Sans prescription
Des représentants de groupements qui n'ont également pas tardé à réagir le 20 mai par le biais d'un communiqué au titre explicite : « Tests sérologiques : évitons un nouveau scandale ! » Federgy et l'UDGPO s'étonnent notamment que « certaines entreprises, certaines collectivités, certains groupes de cliniques puissent acheter des tests sérologiques et dans certains cas les utiliser auprès de leurs personnels alors que ces Trod n’ont pas encore été validés par le CNR [Centre national de référence des virus des infections respiratoires, NDLR] ». Considérant, à l'instar de la FSPF, que les officinaux sont prêts à mener à bien cette mission comme ils ont su s'acquitter de toutes celles qui leur ont été confiées pendant la crise, ils demandent dès lors, « sans plus attendre », la publication de l'arrêté autorisant les pharmaciens à pratiquer ces Trod « dans une forme qui soit cohérente avec [leur] fonction même qui est une orientation diagnostique » et soulignent que ces derniers « doivent donc être accessibles sans prescription médicale obligatoire ». Dans ce contexte, la FSPF souhaite « ouvrir des discussions avec l’Assurance maladie sur la nécessaire prise en charge de ces Trod ainsi que de l’acte d’accompagnement du pharmacien dans le cadre du parcours de soins ».