L'été n'aura pas été de tout repos pour de nombreux pharmaciens franciliens. Victimes de véritables raids nocturnes, une trentaine d'officines de la région ont été fracturées en l'espace de quelques minutes pour des butins le plus souvent dérisoires, tiers payant et cartes bleues obligent. Si, dans de rares cas, des substituts aux opiacés ont également été dérobés, les montants en liquide volés dépassent rarement les 150 euros. Une maigre consolation pour les titulaires dont le manque à gagner qui s'ensuit est beaucoup plus important en raison des travaux de réparation et des démarches administratives à réaliser qui paralysent bien souvent l'officine pendant plusieurs jours.
Réseaux organisés
Ce phénomène, qui a débuté en juin, s'est malheureusement nettement accéléré dans le courant du mois d'août, comme le montrent les rapports de police qui font état de malfaiteurs très majoritairement mineurs, sans domicile fixe, sans papiers et sous l'emprise de produits stupéfiants. Une officine de Sannois (Val-d'Oise) a ainsi été visitée le 10 août dernier par deux mineurs isolés étrangers âgés de seulement 9 et 10 ans ! L'existence de réseaux bien organisés exploitant ces enfants, le plus souvent basés dans le nord de la capitale et se déplaçant en RER, ne fait aujourd'hui plus aucun doute pour les autorités judiciaires.
L'Ordre inquiet
Bien que les pharmacies de la région parisienne aient été les plus touchées ces derniers mois, les cambriolages, violences et autres incivilités n'épargnent aucune officine du territoire. Alors que l'Ordre des pharmaciens a rendu son rapport 2018 sur la sécurité des pharmaciens dans lequel il est noté que ces actes sont en augmentation de près de 60 % par rapport à l'année précédente, Pierre Béguerie, le nouveau président de la section A (titulaires), s'inquiète du phénomène et fait état d'une « dégradation importante » du climat qui règne entre les pharmaciens et certains de leurs patients qui ne supportent aucune fin de non-recevoir alors même que leur situation vis-à-vis de l'Assurance maladie de même que l'absence ou la non-conformité des documents indispensables à la délivrance obligent les officinaux à ne pas satisfaire leur demande.