L'espace participatif ouvert le 31 mars dernier par la commission des Affaires sociales du Sénat afin de « prendre le pouls » des soignants de ville s'occupant des patients dans le cadre de la progression de l’épidémie de Covid-19 vient de donner ses premiers enseignements. Si une majorité des 2 747 répondants s’estime bien ou plutôt bien informée (53 %), en particulier parmi les médecins (54 %) et les pharmaciens (67 %), ils sont aussi nombreux à pointer les limites de cette communication. Ressentie comme trop tardive, insuffisamment claire, de portée trop générale et pas forcément en phase avec les réalités du terrain, l'information destinée aux professionnels de santé de ville est également jugée trop hospitalo-centrée. Si plusieurs professionnels soulignent une « absence notable de l’agence régionale de santé dans l’information aux professionnels », d’autres déplorent une « cacophonie » d’informations parfois contradictoires entre elles. Des difficultés notamment relevées par des pharmaciens qui font part d'un sentiment de « bricolage à la va-vite ».
Manque de clarté et de sécurité
La moitié des professionnels de santé ayant apporté leur contribution à cette consultation estime que les recommandations validées par les autorités sanitaires concernant les traitements susceptibles d’être administrés aux patients atteints du Covid-19 ne sont pas « suffisamment claires, cohérentes et pertinentes ». De fait, certains répondants font état d’incompréhensions entre dispensateurs et prescripteurs et mettent en avant le fait que « des pharmaciens [peuvent] se voir contraints de refuser la délivrance de médicaments sur la base d’ordonnances s’écartant manifestement des recommandations officielles, notamment s’agissant de la prescription en ville d’hydroxychloroquine et d’azithromycine », sans oublier le risque de voir un nombre croissant de patients tentés par l’automédication.
Au-delà des questions organisationnelles, la principale demande des professionnels de santé libéraux porte, sans surprise, sur leur équipement en matériel de protection individuelle et notamment les masques FFP2. Ainsi, seuls 24,5 % des médecins, 32,2 % des pharmaciens et 14 % des infirmiers s’estiment aujourd'hui convenablement équipés pour remplir leurs missions dans des conditions de sécurité acceptables.