L'annonce par le chef de l'État de la dissolution de l'Assemblée nationale et la tenue au plus vite d'élections législatives a pris tout le monde de court. Cet agenda ultraserré a contraint les partis et coalitions en lice à mettre sur pied leur programme en un temps record. Ce qui explique en partie le fait qu'ils s'apparentent plus, pour le moment, à un catalogue d'intentions simples qu'à un relevé détaillé et articulé des mesures considérées comme prioritaires par chacune de ces formations. Le volet santé de ces promesses de campagne reprend ainsi globalement celles figurant dans les programmes de la dernière élection présidentielle, à quelques exceptions près.
Rassemblement national
Le programme santé du Rassemblement national (RN) tient en trois axes : « Réduire les déserts médicaux, soutenir l’hôpital public et sécuriser l’approvisionnement en médicaments », sans plus de détails. Pour connaître les moyens que le parti compte mettre en œuvre pour remplir ces objectifs, il faut se reporter aux mesures figurant dans le manifeste de 2022 de la candidate Marine Le Pen. Chiffrant à 20 milliards d'euros son plan santé, le RN propose d'agir contre la désertification médicale « grâce à des incitations financières fortes pour les soignants » et l'augmentation du nombre des maisons de santé. Concernant l'hôpital public, si la volonté affichée d'« arrêter les fermetures des lits » tout en revalorisant les salaires des personnels soignants est largement partagée par de nombreuses formations au sein de l'échiquier politique, celle consistant à « rapatrier la fabrication des médicaments » n'est pas non plus l'apanage du parti d'extrême droite. En revanche plus originale, l'idée de supprimer les agences régionales de santé (ARS) figurant dans la campagne de 2022 ne semble pour l'heure pas reprise, ni celle de réduire à 10 % des effectifs les postes administratifs dans les hôpitaux. Jordan Bardella a par ailleurs confirmé récemment la volonté du RN de réformer l'aide médicale de l'État (AME) qui est fustigée par les cadres du parti comme une incitation à l'immigration irrégulière, faisant notamment fi de son efficacité en matière de prévention des épidémies.
Ensemble pour la République
Du côté de la majorité présidentielle, le recul des désert médicaux est abordé par le doublement du nombre de médecins en formation chaque année « grâce à la suppression du numerus clausus (16 000 en 2027 contre 8 000 en 2017) ». Outre la promesse de permettre « à chaque Français d’avoir dès cet été un médecin de garde à moins de 30 minutes du domicile », le programme met en avant une simplification de l'accès à la santé « pour libérer 20 millions de rendez-vous médicaux par an » en permettant notamment « aux pharmaciens, sages-femmes, infirmiers, opticiens et orthophonistes de réaliser une vingtaine d’actes médicaux du quotidien tels que la vaccination en pharmacie ou l’adaptation de la prescription de lunettes par les opticiens ». Des mesures déjà inscrites dans la dernière loi de financement de la Sécurité sociale et pour la plupart déjà effectives. L'une des annonces phares concerne la création d'une offre de mutuelle publique à 1 euro par jour sous la forme d'un élargissement de la complémentaire santé solidaire à destination des 3 millions de Français aujourd’hui sans mutuelle. Le parti présidentiel souhaite également présenter « une facture informative » aux patients à chaque passage à l’hôpital ou en médecine de ville afin que « chaque Français connaisse le coût des soins ».
Nouveau Front populaire
La coalition de gauche articule son programme en deux phases dont la première est concentrée durant les cent premiers jours qui verraient l'organisation d'une « conférence de sauvetage de l’hôpital public afin d’éviter la saturation pendant l’été » et la mise sur pied d'une « grande loi de santé ». Cette dernière vise notamment à « réguler l’installation des médecins dans les déserts médicaux et rétablir des permanences de soins des soignants libéraux dans les centres de santé », de même qu'elle tend à « créer un pôle public du médicament avec renforcement des obligations de stocks ». Y figurent également le conditionnement de « l’ouverture des cliniques privées à la participation à la permanence des soins et à la garantie d’un reste à charge zéro », tout comme l'engagement d'un « plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social (médecins, infirmiers, aides-soignants ou personnels administratifs) et de revalorisation des métiers et des salaires ».