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Pas de levée de l'obligation... pour le moment

Le Plan d'action pour la rénovation de la politique vaccinale présenté le 12 janvier par la ministre de la Santé n'est en fait qu'un appel à la concertation.

 

L'année 2016 sera placée sous le signe de la vaccination. Suite à la publication maintes fois repoussée du rapport sur la politique vaccinale de l'ex-députée Sandrine Hurel, la ministre de la Santé a présenté ce matin son Plan d'action pour la rénovation de la politique vaccinale. Entendez par là que la politique vaccinale sera bien rénovée mais pas tout de suite. Marisol Touraine a en effet annoncé la création d'un comité d'orientation, présidé par Alain Fischer, professeur en immunologie pédiatrique et membre du Collège de France. Ce comité devra organiser une concertation en trois actes : l'expression des opinions à partir de mars (citoyens, associations...), qui seront analysées à compter de mai par un « jury de citoyens, un jury de professionnels de santé et un jury d'experts scientifiques », puis un débat national en octobre, suivi par des propositions « dès [sic] décembre 2016 ». À écouter la ministre, ces trois étapes constituent des conditions sine qua non pour décider, entre autres sujets, de la levée ou non de l'obligation vaccinale. Cette question, que ne tranche pas le rapport Hurel, occupe en effet le devant de la scène. Marisol Touraine, qui déclarait en mai dernier que la « vaccination, ça ne se discute pas », en réponse à la pétition du Docteur Henri Joyeux – 771 000 signatures au compteur à ce jour –, a en tout cas su mettre de l'eau dans son vin : « si je décidais seule, ex cathedra, de supprimer l'obligation, la couverture vaccinale diminuerait », a-t-elle même avancé. 

Et les pharmaciens, dans  tout ça ?

Côté mesures concrètes, il y a donc peu de choses à se mettre dans la seringue, même si la ministre a annoncé la tenue « d'expérimentations sur le carnet de vaccination électronique » à compter de mars dans 5 régions pilotes, par l'intermédiaire du dossier médical partagé. Par ailleurs, un site internet sur la vaccination sera « mis en place par la future Agence nationale de santé publique » et comprendra un volet professionnels de santé. Ces derniers seront également destinataires tous les trois mois d'un bulletin émanant de la direction générale de la santé (DGS). Marisol Touraine compte en outre relancer les discussions avec les industriels pour améliorer le problème des ruptures de stocks ou alléger les règles liées aux importations de vaccins en cas de pénurie. Inquiète de voir le recours à la vaccination antigrippale diminuer, elle n'envisage pas pour autant la vaccination par les pharmaciens, repoussant toute démarche au résultat des concertations fin 2016. « Faut-il vacciner en pharmacie ou des stocks de vaccins doivent-ils être mis à disposition dans les cabinets médicaux ? Le débat nous permettra de dire s'il s'agit d'un sujet de préoccupation... mais peut-être ne dira-t-il rien. » On ne pourrait pas être plus prudent.

Par Laurent Simon

12 Janvier 2016

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