La situation est connue depuis des années mais les inspecteurs de l'Igas la confirment dans un rapport publié fin mai intitulé « La prescription vétérinaire hors examen clinique » : « l’ensemble des parties prenantes est unanime pour faire le constat suivant : la prescription d’un médicament par le vétérinaire est très rarement un acte dissocié de la délivrance de ce médicament ». En d'autres termes, les pharmaciens sont « exclus de fait » de la délivrance des médicaments vétérinaires. Au-delà de cet état des lieux, l'Igas décrit des officines qui tendent de plus « à disparaître dans le circuit du médicament vétérinaire ». Les pharmaciens présents sur ce marché cèdent petit à petit leurs officines et leurs successeurs « ont écoulé les stocks de médicaments vétérinaires et/ou ont abandonné cette dispensation ».
Entraves à la concurrence
La situation décrite par les inspecteurs est inquiétante : « en pratique, il semble bien y avoir entrave à la libre concurrence », souligne l'Igas, qui précise notamment que « la mention "renouvellement interdit" est très fréquemment pré-imprimée sur l’ordonnance bien que totalement irrégulière ». La raison en est connue : les éleveurs rechignant à payer les vétérinaires pour l'acte intellectuel de prescription, ces derniers se rattrapent sur la vente de médicaments... au détriment des officines. Malgré des rappels à la loi et des déclarations communes entre vétérinaires et pharmaciens comme en 2012, le serpent se mord la queue. Sortira-t-on un jour de cette situation ? L'Igas propose en tout cas d'imposer « la remise de l’ordonnance au détenteur des animaux concomitamment à la prescription de médicaments à visée préventive dans le cadre d’un protocole de soins » pour remettre les pharmaciens dans la boucle. Rien ne dit en revanche que cela sera suivi d'effets...