Le premier round des auditions de la commission d'enquête présidée par le député Philippe Vigier (UDI, Agir et indépendants) sur l'« égal accès aux soins des Français », qui s'est déroulé le 19 avril à l'Assemblée nationale, n'a pas été de tout repos pour les représentants de l'Ordre des médecins. Face au questionnement de certains élus déplorant les difficultés croissantes rencontrées par leurs administrés qui peinent à obtenir une consultation médicale dans un délai raisonnable et à proximité de chez eux, ils ont continué à rejeter fermement la notion de contrainte à l'installation pour optimiser le maillage territorial médical et ont mis en avant l'intérêt de mesures incitatives plutôt que coercitives.
Des pharmaciens, mais pas de médecin
Une position défensive que n'a pas eu besoin de tenir la présidente de l'Ordre des pharmaciens, Carine Wolf-Thal, rappelant qu'il n'y avait « pas de problème d’accès aux soins en ce qui concerne les pharmacies, même si certaines d’entre elles sont fragilisées notamment par le départ en retraite ou le transfert de certains médecins ». Tout ceci grâce à « une répartition homogènes [liée à] des règles d’établissement qui ont fait leurs preuves et qui ont récemment été révisées sur certains points afin d’optimiser encore davantage ce maillage, notamment sur des territoires fragiles ». La présidente de l'Ordre a également fait valoir le fait que « sur les 8 236 communes ayant une ou plusieurs pharmacies, 419 n’ont pas de médecin. [...] Le pharmacien y assure donc un rôle de premier plan dans l’accès aux soins ». Considérant par ailleurs que « les maisons de santé [...] voulues par le gouvernement [...] sont certainement une bonne chose en termes d’accès aux soins », Carine Wolf-Thal a toutefois estimé qu'elles pouvaient parfois « déstabiliser certaines officines quand les médecins se recentrent dans des bourgs ». Elle invite, à cet effet, les directeurs des agences régionales de santé (ARS) à plus de « vigilance » et les incite à « impliquer les pharmaciens lors de la création de ces pôles ».
Évaluer, vacciner, traiter...
Forts de « leur maillage territorial harmonieux », les pharmaciens « ont envie de faire des propositions pour améliorer l’accès aux soins pour les Français », a encore déclaré Carine Wolf-Thal devant des élus territoriaux plutôt attentifs. Parmi celles-ci, la présidente de l'Ordre a évidemment évoqué « la possibilité de renouveler certains traitements prescrits ou encore la prise en charge de pathologies bénignes, avec bien sûr l’information du médecin et des arbres décisionnels validés ». Évoquant tour à tour la téléconsultation « au sujet de laquelle les pharmaciens ont fait des propositions », ainsi que la vaccination « à laquelle les pharmaciens commencent à contribuer au travers d’une expérimentation dont la ministre a annoncé l’extension dès 2019 », elle a également plaidé pour que la profession puisse « jouer un rôle de triage en orientant vers les urgences, une consultation, voire une téléconsultation comme cela existe en Suisse (le système Netcare) ». Fin prêts à jouer leur rôle dans la lutte contre la désertification médicale, les pharmaciens n'attendent plus qu'un signal positif du gouvernement pour étendre leur compétences au profit des patients.