Au sortir de la réunion de travail avec les équipes de l’Assurance maladie hier, la FSPF et l’Uspo ont décidé de publier un communiqué commun pour exiger « du concret, pas de belles paroles ». Car la déception est tangible. En premier lieu en raison de l’impossibilité de réconcilier les chiffres présentés par l’Assurance maladie et ceux issus des organismes statistiques que sont le GERS, Iqvia et Ospharm. « L’Assurance maladie a passé une heure à nous expliquer que ses chiffres étaient justes, donc on en reste là, sur un constat de désaccord partiel », regrette le président de la FSPF, Philippe Besset. Certes, « la rémunération sur le médicament à l’officine a été meilleure en 2023 qu’en 2022 », reconnaît-il, mais, pour la Cnam, le réseau a « surperformé » de 80 millions d’euros par rapport aux chiffres présentés par les organismes statistiques.
Revalorisation
Au-delà de ce désaccord sur les chiffres, les syndicats n’ont pas été davantage satisfaits par la seconde partie de la réunion de travail, consistant principalement en une présentation Powerpoint par la Cnam. Le but ? Récapituler « les éléments de rémunération actuelle et les éléments de méthode permettant de voir comment on peut éventuellement modifier la structure de la rémunération », explique Philippe Besset. Les syndicats ont donc rappelé leurs revendications. « Nous avons dit que nous n’étions pas favorables à des transferts de rémunération mais que nous souhaitions des revalorisations des honoraires existants », rappelle le président de la FSPF. Il s’agit des honoraires à l’ordonnance, de l’honoraire de prescription du vaccin, « que nous voudrions non seulement revaloriser mais aussi autonomiser par rapport à l’acte d’administration », et d’honoraires liés à de nouveaux actes. À savoir : la prise en charge de l’angine et de la cystite, le renouvellement d’ordonnance et l’action des pharmaciens contre les fraudes.
Sourde oreille
Toujours est-il qu’à ce stade des négociations, les syndicats restent sur leur faim. « Cela va assez lentement de mon point de vue et j’espère que le communiqué commun que nous avons diffusé à l’issue de la réunion va toucher les équipes de l’Assurance maladie pour qu’ils avancent un peu plus vite sur notre cas. Et surtout dans le bon sens », ajoute Philippe Besset. De fait, « depuis l’ouverture des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie, il y a un mois, le temps semble figé. Malgré l’importance de ces négociations pour l’avenir de la profession et pour la préservation de l’accès aux soins sur le territoire, nous ne constatons aucune avancée notable », peut-on lire dans le communiqué signé par la FSPF et l’Uspo. Pire, écrivent-ils, « réunion après réunion, l’Assurance maladie fait la sourde oreille et les décideurs sont aux abonnés absents ». Rappelant la difficile situation économique d’officines pourtant en première ligne « pour répondre aux problématiques actuelles d’accès aux soins, de pénuries de médicaments et de désertification médicale », les syndicats appellent à « un investissement financier à la hauteur de leur engagement » et à « une réelle évolution économique des nouvelles missions comme la vaccination ». Avant de conclure : « L’urgence est de réarmer psychologiquement et matériellement le réseau officinal, bien plus que de promouvoir la vente des médicaments sur Internet. »