Sur bien des points, le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2020 est un copier-coller des précédents. Quelque 920 millions d’euros d’économies sont ainsi attendues sur le médicament via de nouvelles baisses de prix, 200 millions d’euros par action sur les tarifs des dispositifs médicaux et 225 millions d’euros sur les remises. Au total, le gouvernement table sur 1,345 milliard d’euros d’économies sur les produits de santé au sein des 4 milliards d’effort prévus sur les dépenses d’assurance maladie.
Pour la FSPF, il ne fait pas de doute que les conséquences pour l’économie officinale devraient être du même ordre de grandeur que les années précédentes. « En 2019, l’impact de ces mesures tarifaires sur l’économie des officines est de 125 millions d’euros. En 2018, il était de 175 millions d’euros. Les mêmes causes produiront les mêmes effets alarmants : le nombre de fermetures d’officines augmente continuellement. Deux cent dix-sept pharmacies ont ainsi fermé leur porte au cours des douze derniers mois, soit plus de 500 postes de travail supprimés », indique le syndicat dans sa contribution adressée à la commission des comptes de la Sécurité sociale. La FSPF rappelle que la convention pharmaceutique et son avenant n° 11 devaient apporter une réponse à ces baisses de prix en transformant la rémunération du pharmacien, « mais ce que l’État donne d’une main, environ 300 millions d’euros sur trois ans, il le reprend de l’autre ». Sur la même période, les baisses de prix ont ainsi amputé la rémunération réglementée de 500 millions d’euros. Jugeant indispensable de connaître les effets des baisses de prix préalablement, le syndicat demande que les prochains PLFSS intègrent une étude d’impact des mesures tarifaires sur les pharmacies et leur économie.
Au-delà des mesures d’économies, la FSPF déplore également qu’un article du PLFSS pour 2020 prévoit la suppression du principe de la substitution des biosimilaires par les pharmaciens.
L’accès au médicament en danger
Le Leem (Les Entreprises du médicament) s’inquiète, lui aussi, de la contribution demandée aux produits de santé. « Le médicament, qui ne représente plus que 12 % des dépenses de santé (contre 15 % il y a dix ans) devra une nouvelle fois supporter près de 50 % des économies de la branche maladie dans le PLFSS 2020 (en tenant compte de l’ensemble des mesures de régulation : baisses de prix, augmentation des remises, maîtrise médicalisée des dépenses, déremboursements…) », souligne le syndicat de l’industrie pharmaceutique. Pour lui, « l’accumulation des mécanismes de régulation ne pénalise plus uniquement les entreprises du médicament, elle menace désormais l’accès des patients français aux traitements », comme en témoigne l’indisponibilité d’une part de plus en plus importante des médicaments autorisés ailleurs en Europe et la multiplication des ruptures d’approvisionnement. « Alors que le gouvernement a récemment annoncé un durcissement des sanctions appliquées aux industriels en cas de ruptures d’approvisionnement de médicaments, il contribue, par de nouvelles baisses de prix massives, à créer les conditions de ces ruptures en encourageant le phénomène d’exportations parallèles et en dissuadant certains opérateurs industriels de venir approvisionner le marché français », s'indigne le Leem.