Pour Philippe Gaertner, président de la FSPF, il est évident que l'intégration de la qualité dans les pratiques va de soi puisque « la thématique de la qualité en officine a été lancée il y a de cela plusieurs années et qu'aucun pharmacien digne de ce nom ne peut l'éluder, […] ce n'est pas l'affaire Lactalis qui l'a mise en avant ». Selon lui, « il faut être très vigilant et prendre, à la suite de la crise, les bonnes décisions », afin de choisir où il est le plus judicieux d'investir « pour que l'ensemble du réseau donne le meilleur aux patients ». Une finalité que partage Carine Wolf-Thal, présidente de l'Ordre national des pharmaciens, qui tient également à rappeler que la certification des officines dont il est question « n'a rien à voir » avec l'accréditation qui a été imposée aux biologistes médicaux et implique un régime d'autorisation : « C'est une démarche d'amélioration permanente qui complète les compétences des pharmaciens. » Cette « mise en place d'un certain nombre de procédures pour tendre vers le zéro défaut » est, pour la présidente de l'Ordre, « un gage de notre engagement », indispensable à l'obtention de « la confiance des autorités » lorsqu'il s'agira de postuler pour « de nouvelles missions ».
Laisser toute latitude
Si certification il doit y avoir, tous les intervenants de cette table ronde se sont entendus pour dire qu'il ne fallait pas qu'elle soit rendue obligatoire. « L'important est d'y aller par paliers et d'emmener progressivement toute la profession », explique Carine Wolf-Thal, qui préfère que les pharmaciens s'emparent dès à présent de ce sujet et soient « force de proposition », plutôt que « de se voir imposer des mesures [et] n'avoir plus que [leurs] yeux pour pleurer ». Dans tous les cas, la volonté de ne pas instaurer un système discriminant prévaut, ainsi que le confirme Christian Grenier, président du groupement Nepenthès, pour qui il serait dangereux de voir l'émergence de « pharmacies à plusieurs vitesses ». Cette communauté de vues sur la nécessité de ne pas corseter la démarche et de laisser un maximum de latitude à chaque pharmacien sur le choix du dispositif à adopter, quelle que soit sa forme, n'empêche pas de poser la question des moyens et du coût. Pour Philippe Gaertner, « aujourd'hui, personne ne peut nier les contraintes économiques qui pèsent sur l'officine et il est donc important de choisir comment allouer les moyens à notre disposition pour servir au mieux le patient ». En clair, « la mise en place d'une démarche qualité spécifique sur une période de deux à trois ans demande un investissement humain et temporel considérable » que la FSPF a chiffré à 12 000 euros par officine. À cet effet, la présidente de l'Ordre reconnaît qu'il faudra effectivement y consacrer de son temps mais estime que c'est aux pharmaciens « de construire un modèle financier » qui pourrait tout à fait bénéficier d'aides incitatives de la part de l'Assurance maladie, comme il en existe déjà pour les établissements de santé.