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Que sait-on des tests et de leur utilité ?

Outre la fiabilité toute relative des tests diagnostiques, celle des futurs tests sérologiques rapides pose également question, tout autant que leur intérêt dans la gestion de la phase de déconfinement. 

© adobestock_carsten reisinger

Après celle des masques et de l'hydroxychloroquine, c'est désormais la question du dépistage de la population qui alimente les débats entre scientifiques. Concernant les tests diagnostiques (ou tests PCR) tout d'abord, la doctrine de leur déploiement a peu à peu varié. Le 13 avril, le président de la République a ainsi demandé que ces « tests soient d’abord pratiqués sur nos aînés, nos soignants et les plus fragiles ». Il a également souhaité qu'à la date prévue du déconfinement, le 11 mai, la France soit capable « de tester toute personne présentant des symptômes ». Mais là encore, il y a une nuance : « Nous n'allons pas tester toutes les Françaises et tous les Français, cela n’aurait aucun sens. Mais toute personne ayant un symptôme doit pouvoir être testée. Les personnes ayant le virus pourront ainsi être mises en quarantaine, prises en charge et suivies par un médecin. » Cette stratégie, qui est celle réclamée par de nombreux épidémiologistes et virologues depuis le début de l'apparition des premiers cas de Covid-19 en France, est également celle d'autres pays comme l'Allemagne ou la Corée du Sud
S'il existe à l'heure actuelle 35 réactifs de détection du génome du virus in vitro marqués CE et/ou validés par le Centre national de référence et pris en charge par la Sécurité sociale, la liste s'allonge de jour en jour. Ce qui n'empêche pas leur fiabilité d'être remise en question puisque le pourcentage de 30 à 40 % de faux négatifs est régulièrement évoqué. Un écueil de taille qui, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), n'est pas lié à la qualité de ces réactifs mais bien à celle de chaque prélèvement nasopharyngé qui doit non seulement être profond (donc douloureux) mais également être effectué au bon moment de l'évolution de la charge virale. Enfin, le nombre de tests actuellement effectués semble encore loin de l'objectif de 30 000 par jour dès le début avril fixé par la Direction générale de la Santé (DGS) à la fin mars. Aujourd'hui, une rapide analyse des données publiées par Santé publique France laisse en effet penser que le nombre de tests actuellement pratiqués ne serait que d'environ 15 000 par jour, même si le ministre de la Santé explique que ce décompte n'est pas exhaustif et que la réalité s'approche plus vraisemblablement des 22 000 tests par jour. Il n'empêche qu'au même moment, l'Allemagne en réalise quotidiennement plus du double.

Une équation à plusieurs inconnues 

En France, la mise à disposition de tests sérologiques permettant de réaliser le diagnostic indirect d’une infection à Covid-19 et de savoir si une personne a été en contact avec le virus est attendue avec impatience. De nombreux laboratoires, instituts et autres start-up de la biotech planchent sur la mise au point de ce qui est souvent présenté comme le sésame qui permettra de gérer au mieux la sortie du confinement, tandis que les dernières données qui circulent font état de seulement 5 à 10 % de la population française qui aurait été infectés pour le moment. Alors que Roche a annoncé, le 17 avril, la sortie imminente de son test sérologique, un essai clinique mené par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et le CHU de Montpellier, et qui va évaluer l'efficacité d'un test sérologique salivaire rapide, a été lancé le 11 avril. Bien qu'une quinzaine de ces dispositifs ont déjà été marqués CE, leur fiabilité n'est pas pour autant garantie et devra faire l'objet d'études de validité rigoureuses, d'autant que l'évolution des courbes sérologiques après une infection au Covid-19 n'est pas encore complètement connue. 
Si plusieurs études ont montré que les anticorps n'ont commencé à s'élever qu'après 10 jours d'évolution de la maladie et, qu'après 14 jours, la quasi- totalité des patients présentaient des anticorps détectables, le professeur Jean-François Delfraissy, à la tête du comité scientifique qui conseille l'exécutif, parle quant à lui d'un retard d’immunisation de 4 semaines pour les formes asymptomatiques ou paucisymptomatiques de la maladie. Mais au-delà du profil de séroconversion, la question de la durée de l'immunité potentielle conférée par l'infection se pose également car il est de plus en plus évoqué qu'elle pourrait varier en fonction de la sévérité des symptômes, si tant est que les anticorps produits par l'infection jouent bien le rôle protecteur que l'on espère lors d'une nouvelle mise en contact de l'organisme avec le virus. Dans le cas contraire, les tests sérologiques ne seraient donc quasiment d'aucune utilité et le seul espoir résiderait alors dans la découverte d'un traitement efficace et/ou d'un vaccin. C'est ce que l'on appelle une équation à plusieurs inconnues.

Par Benoît Thelliez

17 Avril 2020

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