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Qui a encore peur de la télémédecine ?

Une conférence du Congrès national des pharmaciens a tenu à démystifier la télémédecine, une pratique dont les pharmaciens peuvent tout à fait s'emparer.

Le ministère de la Santé était représenté par Grégory Emery.© SEBASTIAN SCHEFFEL

 

Qu'est-ce que la télémédecine exactement ? Quel intérêt représente-t-elle pour le patient ? Le pharmacien y a-t-il une place ? C'est pour répondre à toutes ces questions que la deuxième conférence du week-end y était consacrée. L'occasion, d'abord, de rappeler que « télémédecine » ne signifie pas grand-chose en soi puisque le terme regroupe en fait cinq actes : la téléconsultation, la télé-expertise, la télésurveillance médicale, la télé-assistance médicale et la réponse médicale en régulation des soins. La télémédecine donc, « ça n'est pas uniquement une cabine », a tenu à souligner Sophie Sergent, présidente de la commission URPS (Unions régionales des professionnels de santé) au sein de la FSPF. Surtout, elle « concerne tous les professionnels de santé », a insisté Philippe Vermesch, président du Syndicat des médecins libéraux (SML).

Une fois énoncés ces principes, les différents avantages des actes de télémédecine ont été passés en revue. Pour commencer, répondre à une présence médicale parfois défaillante d'un territoire à un autre : « aujourd'hui, nous avons des zones sous-denses même dans les villes, comme à Paris », a ainsi indiqué Philippe Vermesch. En zone rurale aussi, « pouvoir disposer d'instruments de télémédecine pour le pharmacien peut tout changer », estime le président de l'Association de pharmacie rurale (APR) Albin Dumas. D'autant que, comme le rappelle Sophie Sergent, « nous avons les outils informatiques, l'encadrement et l'accueil [et] avons toujours relevé les défis en termes d'innovations technologiques ». Mais en pratique ? Pour l'ancien président de la Société française de télémédecine Pierre Simon, « vous, pharmaciens, pouvez contribuer à la télésurveillance des maladies chroniques » car « le médecin traitant ne voit pas les effets secondaires ; c'est vous qui les voyez ». Il imagine également une autre façon de pratiquer la télémédecine : « vous pouvez réaliser des téléconsultations dans votre officine en accord avec le médecin traitant ».

Oui, mais...

« L'État ne peut intervenir que quand l'écosystème est mature. » Cette phrase prononcée par Grégory Emery, adjoint à la sous-directrice du pilotage de la performance des acteurs de l'offre de soins au ministère de la Santé, a donné le ton. Il y a encore des efforts à fournir en matière de télémédecine avant de voir ses actes dépasser le stade de l'expérimentation ou trouver des financements. Le représentant du ministère a d'ailleurs ajouté : « il y a une conviction forte : les bonnes idées sont sur les territoires, au niveau local ». Pour autant, il a tenu à rappeler la volonté du gouvernement de voir se concrétiser ces « bonnes idées » comme peut l'être la télémédecine : « un grand plan d'investissement consacre 50 millions d'euros à l'investissement numérique, sans préjuger du lieu. [...] L'article 35 du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 crée un cadre juridique et financier expérimental pour les initiatives locales et l'article 36 propose de passer dans le droit commun la téléconsultation et la télé-expertise ». Donc d'imaginer que ces actes soient un jour pris en charge. « Cet article 35 est pour nous porteur d'espoir », a admis Sophie Sergent qui rappelle toutefois que la pharmacie d'officine a été « oubliée dans l'arrêté sur les établissements requérants », soit ceux qui peuvent demander un acte à distance. En attendant donc que la télémédecine trouve son modèle économique, elle enjoint la profession à s'en emparer : « c'est à nous d'être force de propositions, ça ne viendra pas tout seul ».

Par Anne-Laure Mercier

22 Octobre 2017

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