Victoire ! Annoncée le 26 septembre par l’ANSM pour une entrée en vigueur au 1er décembre 2024, l’obligation de prescription sur ordonnance sécurisée des spécialités contenant du tramadol ou de la codéine va être « décalée dans le temps, très certainement de trois mois », a indiqué Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins de la Cnam. Cette déclaration en aparté d’une conférence de presse de l’Assurance maladie, le 14 novembre 2024, confirme les informations transmises il y a tout juste une semaine par Philippe Besset, président de la FSPF, selon lesquelles l’ANSM « envisageait d’accepter notre demande de moratoire ».
Priorité de santé publique
Sur le fond, la FSPF soutient le principe d’une plus grande sécurisation de la prescription et de la dispensation des antalgiques de palier 2. Sur la forme, en revanche, le syndicat regrettait une mesure « précipitée » qui allait mettre des confrères en difficulté. En effet, pour répondre à cette nouvelle obligation, le prescripteur pourra utiliser l’ordonnance sécurisée papier ou bien l’ordonnance numérique dont le pharmacien devra lire le QR code. Mais problème : environ 5 000 pharmacies n’ont pas encore bénéficié du déploiement nécessaire de leur logiciel métier pour lire une ordonnance numérique. Et dans le cas d’une ordonnance sécurisée, ils ne peuvent y déroger. Seule solution : tenter de contacter le prescripteur pour obtenir une ordonnance sécurisée papier et, en cas d’échec, refuser la délivrance. Une situation inacceptable « alors que le soulagement de la douleur est reconnu comme un droit fondamental de toute personne et que la lutte contre la douleur est une priorité de santé publique inscrite dans la loi depuis 2004 ».
Pression sur les éditeurs de logiciels
La problématique remontée par Philippe Besset aux autorités sanitaires semble donc avoir été entendue, un « léger décalage d’environ trois mois » devrait être officiellement annoncé dans les jours à venir, « le temps que toutes les officines disposent de l’équipement nécessaire pour traiter une ordonnance numérique », précise Marguerite Cazeneuve. Un délai que la FSPF compte bien utiliser pour « mettre la pression sur les éditeurs de logiciels pharmaceutiques » afin qu’ils équipent les 5 000 officines qui ne le sont pas encore.