Sécuriser la délivrance du tramadol et de la codéine, comme l'a décidé l'ANSM en septembre dernier, ne peut que recueillir l'approbation des pharmaciens, spécialistes du médicament, comme l'a rappelé le président de la FSPF lors de son Live hebdomadaire : « Il est important de lutter contre les addictions et les fausses ordonnances sur ces médicaments. C’est très clair. » Si, sur le fond, tout le monde est d'accord, sur les modalités de mise en place de cette mesure, le bât blesse.
Demande de moratoire
Programmé au 1er décembre 2024, le passage des deux opioïdes sous le régime de l'ordonnance sécurisée risque de poser des problèmes au comptoir pour un nombre non négligeable de pharmacies, soit les un peu moins de 5 000 officines dont les logiciels de gestion (LGO) n'ont pas encore intégré le module permettant de traiter les ordonnances numériques. Car, si les prescriptions sécurisées traditionnelles au format papier filigrané pourront être acceptées comme à l'habitude par ces pharmacies, les ordonnances qui auront été rédigées au format numérique les mettront en difficulté au moment de la délivrance. Dans l'incapacité de scanner le QR code apposé, le pharmacien n'aura d'autre choix que de refuser temporairement la délivrance puisque, dans ce cas, l'ordonnance ne pourra être considérée comme sécurisée. Une situation inacceptable pour Philippe Besset qui exhorte les pouvoirs publics à « arrêter de mettre les pharmaciens en porte-à-faux quand ils sont devant les patients ». Il demande donc « un moratoire, le temps que tous les pharmaciens lisent les ordonnances numériques ».