« J'ai peur de devoir fermer. » Et parce qu'il n'est pas le seul, Marc Alandry retrousse ses manches depuis plusieurs mois maintenant pour sensibiliser les patients, les médias et, in fine, le ministère de la Santé aux risques qui pèsent sur les pharmacies d'officine « de premier recours, pour ne pas dire de premier secours ». Après des affiches sur sa vitrine en octobre dernier, portant notamment le message « Pharmacie en péril », ce titulaire installé dans l'Aude, à Couiza, une commune de quelque 1 000 habitants, a fait circuler une pétition papier dénonçant les baisses de prix et les préconisations de la Cour des comptes en matière de maillage territorial : elle a recueilli environ 3 000 signatures. Au moment où la FSPF lance sa campagne « Une pharmacie sur deux va mourir », il est aujourd'hui passé à la pétition en ligne, sous forme d'une lettre ouverte adressée à Agnès Buzyn. « Si nos médecins s'en vont, si nos pharmacies disparaissent, si nos pompiers partent, si nos écoles ferment, si nos associations périclitent et que nos villages se meurent, alors que nous restera-t-il ?, l'interroge-t-il. Des solutions existent, madame la ministre. »
Labelliser les pharmacies isolées
Celui qui occupe également les fonctions de délégué régional de l'Association des pharmacies rurales (APR) et de vice-président du Syndicat des pharmaciens de l'Aude, aspire en effet à une labellisation « des structures de premier recours en milieu stratégique », dont « les pré-requis restent à définir. Le débat est ouvert ! », même s'il imagine que ce label imposera a minima « une formation à la hauteur, notamment aux gestes de premier secours », et un « local d'observation » du patient. Marc Alandry précise : « je ne parle pas de ruralité mais de zones stratégiques », isolées. Autre piste : des honoraires pour les premiers soins, l'orientation et le suivi des patients. Enfin, le titulaire soutient une idée du président de l'APR, Albin Dumas, semée à l'occasion du dernier Congrès des pharmaciens, à Montpellier : la possibilité de mener les entretiens pharmaceutiques au comptoir. « Cette idée fait partie de mon package ! », indique Marc Alandry qui se laisse jusqu'à la fin mars pour obtenir un maximum de signataires et remettre officiellement sa pétition à sa députée Mireille Robert (La République en marche), membre de la commission des Affaires sociales. Objectif : avoir des chances d'être auditionné et, qui sait, de pouvoir soumettre ses solutions à Agnès Buzyn. À la date du 16 février, le compteur affichait 1 057 signatures.