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Un protocole anti-Covid problématique

Des médecins « covido-sceptiques » diffusent sur les réseaux sociaux un document présentant leur protocole de prise en charge ambulatoire des patients touchés par le SARS-CoV-2.

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Alors que le grand public peine à suivre l'évolution des recommandations en matière de traitement de la Covid-19, un élément nouveau vient ajouter de la confusion. Il s'agit d'un tableau intitulé «Traitement ambulatoire précoce (TAP) covid-19 + », indiquant quels médicaments administrer à des patients contaminés par SARS-Cov-2, selon qu'ils sont symptomatiques ou non. Diffusé sur les réseaux sociaux, ce document est signé de médecins (dont la députée Martine Wonner) rassemblés sous la bannière du collectif « Coordination santé libre », notamment promu par le blog complotiste FranceSoir.

Des recommandations non fondées

Ce tableau recommande pêle-mêle un recours aux compléments alimentaires (tels que la vitamine D ou le zinc), à l'acupuncture ou à l'aroma-phytothérapie... en association avec de l'ivermectine, de la doxycycline, de la prednisolone ou de l'azithromycine. Il conseille également le « protocole Raoult » (soit une association hydroxychloroquine - azithromycine) chez les malades présentant des symptômes persistants ou respiratoires, en dépit des études ayant à présent démontré l'inefficacité de cette approche. Les experts interrogés par Le Monde « dénoncent le manque de sérieux voire la dangerosité du document ». Pour Julien Mayaux, médecin réanimateur à l'hôpital de la Pitié-Sapêtrière à Paris, « on sent que les gens qui ont fait ce tableau ne sont pas habitués à cela. » Et Nathan Peiffer-Smadja, chef de clinique en infectiologie à l'hôpital Bichat de préciser : « Il n'existe aucune maladie infectieuse - même une tuberculose ultrarésistante - contre laquelle on prescrit autant de médicament. »

Les professionnels de santé réagissent

Si beaucoup de professionnels de santé, dont des pharmaciens, oscillent entre exaspération et lassitude devant ce nouveau document, il semble que les instances officielles aient décidé de réagir. Ainsi, le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) a-t-il annoncé le 11 février avoir écrit à la Haute Autorité de santé (HAS) et à l'Agence du médicament (ANSM) pour leur demander de « vérifier la conformité de ce protocole avec les données acquises de la science ».

Par Alexandra Chopard

12 Février 2021

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