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Un rapport critique

La Cour des comptes passe au crible les politiques publiques en matière d'organisation des soins primaires et appelle à une stratégie nationale rigoureuse.

© adobestock_bussarin

L'organisation territoriale des soins de premier recours vient de faire l'objet d'un rapport de la Cour des comptes, rendu public le 13 mai dernier. Dans ce document de 170 pages, l'institution de contrôle dresse un bilan des mesures prises par les gouvernements successifs au cours des dernières années pour tenter de répondre à l'aggravation des inégalités d'accès. Sans surprise, elle juge les dispositifs actuels « peu opérants ». Si elle note que la croissance de la demande sous l'effet de la fréquence croissante des pathologies chroniques laisse moins de temps pour les soins non programmés, il lui semble clair que les difficultés actuelles du système de santé sont largement liées à une offre sous tension causée pêle-mêle par l'érosion des effectifs, les inégalités de répartition et la réduction des créneaux de soins en soirée ou les week-ends notamment.

Une évolution de la coopération entre professionnels

Rappelant que de nombreux professionnels de santé participent conjointement aux soins dit « primaires ou de proximité », le rapport identifie bien sûr le rôle essentiel des médecins généralistes, mais aussi celui de quelques spécialistes d'accès direct ainsi que des pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes, dentistes, orthophonistes et psychologues. L'évolution de l'implication de chacune de ces professions au cours du temps est finement analysée. Selon la Cour des comptes, les politiques se sont d'abord tournées dans les années 2000 vers le médecin traitant considéré comme le pivot du parcours de soins et les réseaux de soins, avant de miser dans les années 2010 sur le développement des structures de soins coordonnés (maisons de santé pluriprofessionnelles, centres de santé, etc.), puis dans les années 2020 sur les coopérations interprofessionnelles et l'optimisation du temps médical, comme le rapporte APMnews. Les mesures successives sont pointées comme étant « trop peu coordonnées » et « de moins en moins orientées vers les territoires qui en ont le plus besoin ». Une analyse qui ne surprendra pas les officinaux, qui ne cessent de dénoncer la situation des pharmacies en territoires fragiles.

Des aides insuffisantes

Les sages de la rue Cambon considèrent par ailleurs que la France ne mise pas assez sur les délégations de tâches du médecin vers d'autres professionnels de santé. Par ailleurs, elle estime que, « même en hausse », les aides apportées directement aux professionnels de santé, qu'elles soient destinées à favoriser leur installation ou leur maintien en zones fragiles, ou encore qu'elles visent à développer l'exercice coordonné entre professionnels ou à économiser le temps médical, « se révèlent insuffisantes si l'on en juge par leur faible impact ». Sans retenir sa critique, le rapport indique même que : « La multiplication de ces dispositifs [...] et leur instabilité dans le temps rendent une consolidation globale des résultats très difficile. » Dont acte.

Par Alexandra Chopard

17 Mai 2024

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