En marge des symptômes devenus « classiques » du Covid-19, même si l'on parle d'une maladie encore inconnue il y a encore cinq mois, de nouveaux visages du virus se révèlent de jour en jour. Ainsi, en plus des fièvres, toux, gorge sèche, courbatures, maux de tête et éventuellement signes respiratoires, dyspnée ou douleurs thoraciques, les médecins ont repéré d'autres symptômes beaucoup plus atypiques. Des symptômes digestifs, d'abord, avec la diarrhée qui pourrait être un des signes précurseurs de l'infection Covid-19 et être largement sous-estimée chez les patients infectés selon deux équipes chinoises qui ont publié dans Gut, le journal de la British Society of Gastroenterology. La Direction générale de la santé (DGS) avait même alerté, le 23 mars, sur le fait que chez les personnes âgées, le Covid-19 pouvait prendre « des formes avec symptomatologie digestive [et] état confusionnel, initialement non fébriles ». Autres symptômes désormais clairement corrélés au Covid-19, la perte partielle ou totale de l'odorat et/ou du goût : une étude européenne, acceptée pour publication dans les European Archives of Oto-Rhino-Laryngology, affirmait le 1er avril que près de 90 % des patients Covid-19 souffraient de ce trouble. Encore plus récemment, le 6 avril, le Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV) a alerté sur la possibilité que ce virus induise des manifestations cutanées, comme des « acrosyndromes, ayant l'aspect de pseudo-engelures des extrémités », plutôt chez des personnes qui n'ont par ailleurs pas ou peu de symptômes « classiques ». Également décrits par le SNDV, des « rougeurs persistantes parfois douloureuses apparues subitement » et des « lésions d'urticaire passagère ». Pour autant, deux jours plus tard, le 8 avril, la Société française de dermatologie a appelé « à la vigilance mais aussi à la prudence » : elle reconnaît que « le nombre de cas paraît important » et que leur survenue est « inhabituelle en cette saison », mais souligne que, pour le moment, « très peu de ces observations ont été bien documentées avec un test Covid ».
Possibles lésions cardiaques et neurologiques
À côté du risque de lésions pulmonaires, parfois mortelles, induites par les infections respiratoires graves que peut provoquer le Covid-19, une étude parue le 27 mars dans Jama Cardiology pointe le fait que le virus peut avoir des conséquences fatales pour des personnes souffrant de maladies cardio-vasculaires sous-jacentes. Mais aussi qu'il pourrait provoquer des lésions cardiaques chez des patients qui ne souffraient d'aucun problème a priori. « Il est probable que même en l'absence de maladie cardiaque antérieure, le muscle cardiaque puisse être affecté par une maladie à coronavirus », commente Mohammad Madjid, auteur principal de l'étude et professeur adjoint de cardiologie à la McGovern Medical School du Centre des sciences de la santé de l'Université du Texas, à Houston (États-Unis). « Une lésion cardiaque aiguë déterminée par des niveaux élevés de troponine à haute sensibilité est couramment observée dans les cas graves et est fortement associée à la mortalité. Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) est également fortement associé à la mortalité. » En d'autres termes, la très petite minorité de « cas graves » qui succombent au Covid-19 ne meurent pas uniquement de SDRA, ils peuvent également être emportés par des lésions cardiaques. L'auteur écrit aussi : « La maladie du coronavirus 2019 est associée à une charge inflammatoire élevée qui peut induire une inflammation vasculaire, une myocardite et des arythmies cardiaques. » Le Covid-19 peut aussi parfois se manifester sous une forme neurologique : c'est le constat que commencent à faire cliniciens, radiologues et neurologues, qui mettent en garde contre des formes cliniques encore peu connues. Ainsi, des manifestations neurologiques s'ajoutent aux lésions pneumologiques, cardiologiques, hépatiques, rénales, ORL et dermatologiques récemment décrites. Par exemple, les neurologues américains du Henry Ford Health System de Detroit (États-Unis) ont publié le 31 mars dans Radiology le cas d'une femme d'une cinquantaine d'années testée positive au Covid-19, atteinte d'une encéphalopathie hémorragique aiguë nécrosante clairement visible sur les clichés IRM, qui résulterait d'un « orage cytokinique » intracérébral. Des cas extrêmes évidemment très à la marge des symptômes plus standards heureusement les plus fréquents. Il n'empêche : la partie de Cluedo dans laquelle sont engagés entre 5 et 10 000 chercheurs dans le monde, est loin d'être terminée !