Comme il l’avait annoncé lors du dernier Congrès des pharmaciens, Olivier Véran a adressé une lettre de cadrage à Thomas Fatôme définissant les grandes lignes des négociations conventionnelles entre les pharmaciens d’officine et la Cnam qui démarreront le 10 novembre. Le ministre de la Santé explique d’emblée que la prochaine convention doit répondre « aux enjeux et évolutions du métier tout en s’inscrivant dans une trajectoire financière soutenable pour l’Assurance maladie ». Il la veut « ambitieuse, reconnaissant au pharmacien le rôle majeur qu’il joue en tant qu’acteur de santé publique, en particulier dans les zones de tensions de l’offre de soins et marquées par de fortes inégalités de santé ». Pour lui, elle doit ainsi accroître ses missions « en matière de prévention et son implication pour le bon usage des produits de santé », mais aussi accompagner « un virage numérique inédit », tout en intégrant « la prise en compte des enjeux environnementaux ».
Acteur de la prévention
Faisant de l’amélioration du parcours de soins du patient un axe clé, il souhaite une accélération de l’intégration des pharmaciens dans les dispositifs de coordination entre professionnels de santé, afin « d’assurer l’interface ville/hôpital » et de « garantir un parcours sans rupture pour les patients atteints de maladies chroniques et d’offrir un accès aux soins pour tous, en particulier dans les déserts médicaux ». Il demande que « l’ancrage conventionnel » des actions de prévention, de dépistage et de vaccination des officinaux soit élargi dès lors qu’un intérêt de santé publique existe. « L’engagement exemplaire des pharmaciens dans la réalisation de la vaccination contre la Covid et du déploiement en officine des tests Covid doit nous permettre de placer le pharmacien comme un acteur important des programmes nationaux de dépistage et de vaccination », affirme le ministre de la Santé citant, à titre d’exemple, les rappels vaccinaux, le dépistage du cancer colorectal ou encore la mise à disposition de bandelettes urinaires.
Nouvelles missions
Il indique également au directeur général de la Cnam que les pharmaciens doivent être investis de nouvelles missions d’accompagnement, notamment en matière de sevrage tabagique, de suivi des femmes enceintes ou des patients diabétiques. Leur rôle dans la substitution devra être étendu aux biosimilaires et aux médicaments hybrides dans le respect d’une « dispensation encadrée ». Enfin, le sujet de la délivrance unitaire des médicaments et des dispositifs médicaux devra être abordé, en particulier pour les antibiotiques « dont la dispensation à l’unité pourra débuter à partir de janvier 2022 ».
La réforme de la rémunération poursuivie
La lettre de cadrage ne fait pas l’impasse sur le volet économique et le ministre explique que « la réforme de la rémunération engagée ces dernières années pourra être renforcée de sorte à augmenter le financement lié à la qualité de la pratique du pharmacien ». Les négociations seront aussi, pour lui, l’occasion de revoir la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) pour la substitution générique « de façon à prendre en compte les effets de l’article 66 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 ». S’agissant de la délivrance de conditionnements trimestriels, Olivier Véran compte sur les discussions qui s’ouvrent pour établir « la liste des classes de médicaments éligibles, susceptibles de donner lieu au versement des honoraires dédiés ».
« Le contenu est conforme à ce que nous attendions », indique Philippe Besset, président de la FSPF, lors de son live hebdomadaire du 5 novembre, tout en rappelant que l’objectif est de conclure les négociations en janvier, voire au début du mois de février au plus tard.