Ce sont trois petites lignes, glissées l'air de rien en dixième position des propositions de Pharmacie référence (PHR). Lucien Bennatan, son président, compte en effet annoncer au cours du congrès de son groupement, qui se tient du 10 au 12 novembre, vouloir la création d'un paquet neutre pour les génériques : une boîte identique pour une même molécule et un même dosage. La mesure présenterait des avantages certains, selon PHR, comme un taux de substitution amélioré et une substitution facilitée en cas de rupture de stock.
« Nous ne serions pas favorables à une telle proposition sachant qu'on n'en connaît pas les modalités, réagit Catherine Bourrienne-Bautista, déléguée générale de l'association Générique, même médicament (Gemme). Cela soulève beaucoup de questions. L'intérêt du patient d'abord, puisque l'évolution des packagings des laboratoires a été positive pour l'observance. Mais aussi des éléments réglementaires et juridiques, notamment par rapport à l'Europe, qui définit de façon précise ce qui doit apparaître sur les packagings ».
Reprendre la main
Le paquet neutre, une simple provocation ? Pas pour Lucien Bennatan, qui estime que « l'industrie pharmaceutique, aidée des médecins, a enlevé au pharmacien son droit de substitution, qui est devenu un devoir. Et les laboratoires ont repris la main sur la puissance d'achat que pouvait avoir le pharmacien en lui demandant tous les ans, entre novembre et janvier, de s'engager, via des contrats [de] fidélité, [vis-à-vis d']une marque générique. Aussi les pharmaciens ne peuvent[-ils] pas faire jouer la concurrence ». Selon lui, cette mesure – qu'il entend porter devant les syndicats de la profession, le ministère de la Santé et les candidats aux primaires – « redonnerait à l'officinal un pouvoir de délivrance et […] de négociation sur les remises ». Et de mettre la ministre de la Santé au défi de lui « expliquer la dangerosité de cette mesure s'il y en a une ! »
Entre autres suggestions saillantes, PHR évoque la mise en place d'une « substitution totale » pour les biosimilaires, la prescription systématisée des génériques accompagnée de la « fin du Répertoire » ou encore une rémunération des pharmaciens pour non-délivrance dans le cadre de la lutte contre la iatrogénie. Tout un programme ! Reste à voir quels points seront mis en œuvre.