La flibansérine est la molécule dont tout le monde parle. Cet agoniste sérotoninergique, qui sera commercialisé aux États-Unis à compter de mi-octobre sous le nom d'Addyi, défraie la chronique. On le comprend au vu des indications de la molécule, dont la Food and Drug Administration (FDA) vient d'accepter la mise sur le marché après deux refus successifs. La « pink pill » (pilule rose), comme l'appelle son exploitant Sprout pharmaceuticals, vise en effet à traiter l'« hypoactive sexual desire disorder (HSDD) in premenopausal women », à savoir la baisse du désir chez les femmes non ménopausées. La FDA a accompagné la sortie de cette spécialité de mesures très restrictives : sa dispensation ne pourra se faire que par un pharmacien dûment formé sur présentation d'une prescription certifiée.
Ni l'Europe, ni la France
Première mondiale en matière de libido féminine ? Oui et non. Dès 2006, en France, une autorisation de mise sur le marché avait déjà été délivrée pour l'Intrinsa, un patch de testostérone destiné également à traiter la baisse de libido mais uniquement chez les femmes ayant subi une ménopause chirurgicale. Le produit n'a pas été accepté au remboursement, suite à une recommandation défavorable de la Haute Autorité de santé en 2009 et, selon la base de données publique du médicament, la spécialité sera de toute façon bientôt retirée du marché [mise à jour du 24/08/15 : l'ANSM précise qu'Intrinsa a été retiré du marché le 25 mai 2015 « à la demande du titulaire pour des raisons commerciales »]. La flibansérine ne prendra pas le relais, puisque la molécule n'a été soumise ni à l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) française ni à l'Agence européenne (EMA). Aucune chance donc de la voir débarquer dans vos tiroirs dans les années à venir.