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Philippe Gaertner

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

© MIGUEL MEDINA

À taille humaine

Àquoi tient, en peu de mots, la qualité de vie pour tout un chacun ? C’est un équilibre entre un environnement préservé et l’accessibilité à des services ou à des transports. Longtemps, depuis l’immédiat après-guerre, la France a cru que la concentration était la solution : rassembler tous les commerces et les services au même endroit et tout le monde s’y retrouverait ; la grande distribution est née de cette idée. Nous sommes en 2018 : cette utopie qui a modelé nos territoires cinquante années durant a fait son temps. Car la réalité est tout autre aujourd’hui : dans les centres-villes et les centres-bourgs, qui sont le cœur social de nos communes, nos lieux de vie en d’autres termes, le constat est amer. 

« Les grandes
surfaces ne doivent
plus dicter leur loi
dans l’aménagement
du territoire. »

Boulangeries-pâtisseries, boucheries-charcuteries, traiteurs et, bien sûr, pharmacies, les pas-de-porte ferment un à un, et, comble de l’ironie, les devantures délaissées se couvrent de vitrophanies représentant de faux piétons. Ce cache-misère a un nom : désertification. La concentration au sein des centres commerciaux de toutes les boutiques et services est bel et bien en train de tuer à petit feu la proximité. Mais une autre chose a changé, et celle-là est très positive : les Français en ont pris conscience et souhaitent un juste retour à l’équilibre. Je pense comme eux que le gigantisme a fait son temps et que l’époque est au changement. 
C’est pour la cause de la proximité que la FSPF s’est associée à nos amis boulangers et bouchers pour apporter son soutien plein et entier à la démarche du Sénat, qui souhaite, en complément du plan Mézard du 15 décembre dernier, revitaliser ces lieux de vie indispensables à l’équilibre social. Ce ne sont pas que des mots : les grandes surfaces ne doivent plus désormais dicter leur loi dans l’aménagement du territoire, lequel doit à nouveau être pensé à hauteur d’homme, au plus près des besoins de nos concitoyens. Laisser dépérir plus longtemps nos cœurs de commune serait une faute historique et politique que nous ne pouvons laisser faire. Les pharmaciens, souvent les derniers hussards du système de santé, en sont déjà persuadés. Chargeons-nous maintenant tous ensemble d’en convaincre les derniers sceptiques.

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