À l’heure où j’écris ces lignes, je viens malheureusement d’opposer une fin de non-recevoir aux dernières propositions de l’Assurance maladie faites aux syndicats lors de la réunion du 5 juillet. Après six mois de négociation, j’aurais voulu vous annoncer la signature de cet accord tant attendu avec la Caisse nationale car, je le rappelle, ce texte engagera l’officine à la fois professionnellement et économiquement durant les cinq prochaines années. Cette nouvelle – dont j’espère toujours qu’elle sera bonne, malgré les signaux négatifs – fera donc l’objet d’un prochain édito. Mais en attendant de débloquer cette situation cruciale, notre vigilance ne baisse pas sur les autres sujets.
On dit parfois que les menaces les plus sérieuses ne viennent jamais d’où on le pense. C’est en l’occurrence au sein même de notre profession que l’avenir de la propriété du capital de nos officines se joue en ce moment. Vous le savez tous, acheter une officine est devenu singulièrement plus compliqué qu’à une certaine époque.
« Est-il raisonnable
de laisser des acteurs
non pharmaciens
arriver à un jet de pierre
de notre capital ? Non. »
Aujourd’hui, sans apport personnel conséquent, il n’est souvent point de salut auprès des banques, ce qui génère une frustration compréhensible chez les aspirants titulaires. Acquérir une pharmacie ressemble parfois à un parcours du combattant, alors que ce devrait être l’aboutissement logique d’une carrière. Pourtant, que tous ceux qui caressent ce projet soient prévenus : toutes les mains tendues ne doivent pas être saisies. En effet, par le biais d’obligations convertibles en actions (OCA), des opérateurs financiers étrangers à la profession proposent à des pharmaciens en demande – soit pour s’installer, soit pour investir dans leur outil de travail – de leur mettre le pied à l’étrier en leur fournissant l’apport nécessaire à leur projet professionnel. En contrepartie, ils exigent des taux de rentabilité parfois exorbitants avec, à la clé, une menace directe sur l’indépendance professionnelle de nos confrères.
Rien de nouveau, me direz-vous, d’autres acteurs s’étaient déjà distingués de la sorte il y a quelques années. Certes, mais une chose a changé drastiquement : l’échelle. Nous parlons ici de groupements maniant des dizaines de millions d’euros et d’officines de grands centres urbains. Est-il raisonnable de laisser des acteurs non pharmaciens arriver à un jet de pierre de notre capital, espérant son ouverture un jour ou l’autre, par le biais des primes de non-conversion ? Pour la FSPF, la réponse est immuable : c’est non.