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Philippe Besset

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

© ANH LENOIR

La proximité : attention, fragile

Il y a des records dont on se passerait bien, comme celui du nombre de fermetures d’officines. En 2018, 226 pharmacies ont ainsi définitivement éteint leur croix verte, selon les derniers chiffres de l’Ordre des pharmaciens. Ce sont 17 % de plus qu’en 2017 ! Et les petites pharmacies sont les plus vulnérables : près de 7 fermetures sur 10 concernent des structures de moins de 1 million d’euros de chiffre d’affaires. Certes, plus de la moitié de ces fermetures sont liées à des regroupements ou des cessions de clientèle, mais chaque officine qui disparaît, c’est aussi moins de proximité. Comme le dit Alain Griset, le président de l’Union des entreprises de proximité (U2P), dans notre interview, ces pharmacies sont « un élément essentiel de la continuité de services aux patients mais aussi pour l’aménagement du territoire ».

« Chaque officine qui
disparaît, c’est aussi
moins de proximité. »

Nous partageons bien entendu ce point de vue à la Fédération. Très investies dans la substitution générique et l’accompagnement des malades chroniques, ces officines, qui sont le cœur des quartiers, des villes et villages, ont besoin d’être soutenues. L’avenant n° 11 à la convention pharmaceutique est insuffisant pour compenser les baisses de prix sur les médicaments, et la situation va empirer si, contre l’avis de la FSPF, les spécialités homéopathiques sont déremboursées. Je le répète, je suis prêt à signer un avenant avec l’Assurance maladie en faveur des pharmacies les plus fragiles. 
En attendant, il ne faut pas être alarmiste, mais volontariste. C’est pourquoi nous avons soumis un nouveau schéma d’organisation de la vente en ligne de médicaments permettant à toutes les officines, y compris les plus petites, de proposer ce service à leurs patients. C’est aussi pour cela que, dans le cadre de l’examen de la loi de santé, nous demandons aux sénateurs de supprimer la possibilité pour des non-pharmaciens de détenir des obligations convertibles en actions (OCA) de sociétés de pharmacies d’officine. Car pour nous, l’entrée dans le capital d’investisseurs extérieurs à notre profession est de nature à conduire, en raison d’engagements financiers intenables, à la fermeture de bon nombre d’officines de proximité utiles aux malades. La pharmacie de proximité est le maillon fort de l’accès aux soins dans notre pays. Tout doit être entrepris pour qu’elle le demeure.

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