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Philippe Gaertner

Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France

© MIGUEL MEDINA 

Le moment ou jamais

Nous vivons une séquence historique : le mouvement des « Gilets jaunes » a, en quelques semaines, chamboulé notre pays, obligeant le gouvernement à prendre la mesure du ras-le-bol exprimé par des dizaines de milliers de manifestants. 
Je n’oublie pas que certaines officines ont été les victimes des casseurs qui ont parasité les cortèges, notamment dans la capitale, et nous ne pouvons que condamner ces dégradations. Néanmoins, en tant que chef d’entreprise – d’une très petite entreprise (TPE), plus exactement – et en tant que citoyen, je comprends cette colère. 

« Emmanuel Macron
oublie les effets
de mesures qu’il a
lui-même initiées. »

Comment assister sans réagir à la restriction de l’offre de soins dans les territoires ? Chaque cabinet ou chaque officine qui ferme, ce sont des kilomètres en plus pour des patients parfois complètement isolés. Ce débat du rôle de l’État et des services publics, nous voulons le porter au niveau national pour qu’enfin nous obtenions des réponses claires à des questions simples. En tant que premier – et souvent dernier – bastion de la santé dans cette France périphérique que tout le monde semble avoir redécouverte, la pharmacie continuera de prendre sa part de responsabilité au service des patients. Mais au moment où Emmanuel Macron exhorte les entreprises à augmenter les salaires, il semble oublier que les effets des mesures qu’il a lui-même initiées frappent au même moment les pharmacies, au travers des baisses de prix sur les médicaments : 100 millions d’euros de marge en moins pour 2019. Sans compter que le retour de l’inflation augmentera nos charges. Offrir d’une main ce que l’on nous prend d’une autre ressemble à un tour de passe-passe… 
Je me dois de répéter encore une fois une évidence : la force de l’officine, c’est sa proximité. Nous en avons récemment fourni une nouvelle preuve : en partie grâce à la profession et à l’extension de la vaccination en officine dans deux régions supplémentaires, la France est en pénurie de vaccins antigrippaux. Une excellente nouvelle pour la santé publique. C’est cette voie et aucune autre que nous devons suivre : celle de l’excellence en santé publique et du service rendu au patient. Mais nous ne le ferons pas en constatant année après année la dégradation de nos ressources.

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