Tout est dans l’intitulé : les « bonnes pratiques de dispensation à l’officine ». Pour ceux qui ne seraient pas encore familiers avec ce terme, il s’agit du texte censé décrire toutes les actions à mettre en œuvre lors d’une délivrance au sein de nos pharmacies. Ce document, d’une importance cruciale pour la profession, est actuellement en discussion au sein du ministère de la Santé, après une attente de près de vingt ans.
En tant qu’ancien président de l’Utip, j’ai fait mienne la cause de la qualité pendant de nombreuses années, aussi je me réjouis que les pouvoirs publics aient pris la mesure de cet enjeu en préparant ces bonnes pratiques. Mais, désormais président du premier syndicat de titulaires d’officine, je veux aussi les prévenir : à l’impossible les pharmaciens ne doivent pas être tenus, surtout en cette période de disette budgétaire qui frappe toutes nos entreprises, à coups de baisses des prix et de maîtrise médicalisée.
« Le progrès n’est
pas une utopie,
mais il faut garder
les pieds sur terre. »
Je m’explique : en plaçant la barre trop haut en termes de présence pharmaceutique ou d’actes non délégables aux préparateurs, le risque est de jeter les pharmaciens dans un abîme économique et de les mettre en situation de risque juridique. Un exemple : revoir les critères concernant les adjoints en imposant leur présence de façon continue sur toute l’amplitude horaire d’ouverture de l’officine aurait de lourdes conséquences financières, sans parler de contentieux éventuels. Certes, la « présence pharmaceutique » s’en trouverait renforcée, mais à quel prix ? Quel titulaire pourrait aujourd’hui se permettre d’engager un ou plusieurs adjoints au débotté pour remplir ces conditions ? Quid également du rôle des préparateurs qui, dans le texte actuel, se trouve singulièrement amoindri ?
Le progrès n’est pas une utopie – je crois en la qualité à l’officine – mais il ne sera acquis qu’en gardant les pieds sur terre. Faute de quoi nombre de nos confrères, parmi les plus fragiles, se retrouveront tout bonnement sur le carreau et, au final, ce sont les patients qui en font les frais.