Incompréhension et inquiétude : c'est ce qui ressort d'une lettre écrite à Marisol Touraine par six associations de patients réunies (Association François Aupetit, Association française de lutte anti-rhumatismale, Association France Spondylarthrites, Association nationale de défense contre l'arthrite rhumatoïde, France Psoriasis et l'association Kourir pour les enfants atteints d'arthrite juvénile idiopathique) et par le Comité d'études et de réflexion sur les biosimilaires en rhumatologie (Cerber) à propos justement des biosimilaires. Incompréhension car « l'article 50 du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) actuellement en discussion à l'Assemblée [et qui autorise les pharmaciens à substituer les biosimilaires comme les génériques, NDLR] indique que la voix des associations de patients n'a pas été entendue », écrivent les signataires, qualifiant cette évolution de la législation de « passage en force ».
Morceaux choisis
Inquiétude aussi, parce que ce projet d'article 50 « fait de la substitution la règle et de la non-substitution l'exception, en suivant le modèle, pourtant montré en contre-exemple, des génériques ». Les associations regrettent qu'il ne soit pas fait mention d'une partie « pourtant essentielle » des recommandations de l'Agence de sécurité du médicament (ANSM) selon laquelle « si le choix entre deux médicaments biologiques (médicament de référence ou médicament biosimilaire) reste libre en l'absence de traitement antérieur identifié, il n'est cependant pas souhaitable, pour des raisons de sécurité et de traçabilité, de modifier la prescription initiale, en remplaçant une spécialité par une autre, sans garantie ». Elles attendent donc « une précision de ces garanties dans la loi ».
Derniers des Mohicans
Elles soulignent également que « la substitution par le pharmacien n'est aucunement abordée dans la mise au point de l'ANSM » et avancent que, lors « des récents débats sur les biosimilaires, toutes les parties prenantes, y compris les pharmaciens, étaient favorables à la non-substitution ». Une position que ne « partage pas » Philippe Gaertner, président de la FSPF, qui s'est donc désolidarisé, pour la signature de ce courrier, du groupe Cerber dont il fait partie. « Au bout du compte, on ne peut pas tout payer. L'enveloppe budgétaire de l'Assurance maladie est limitée. Cette restriction sur les biosimilaires demandée par les associations de patients ne me paraît pas raisonnable. Elle constitue un risque soit pour la prise en charge de l'innovation demain, soit pour celle des plus petits risques – comme la gastro-entérite – par le biais de déremboursements ». À la lecture de cette lettre, se pose une question simple : qui donc, en dehors du ministère et des pharmaciens, est encore favorable à cette substitution ?