Les infirmiers sont en colère : 10 000 d'entre eux ont manifesté à Paris le 8 novembre dernier à l'appel du Collectif infirmier, qui rassemble toutes les composantes de la profession (syndicats, étudiants...), et la grève aurait été suivie par 14,6 % du personnel hospitalier. Le jour même, après avoir reçu les organisateurs du mouvement, le ministère de la Santé a dégainé des mesures destinées à calmer leur ire : un catalogue immédiatement qualifié de « cautère sur une jambe de bois » par le Collectif infirmier qui appelle à de nouvelles journées d'action début 2017. La profession a pourtant obtenu quelques avancées en termes de délégation de tâches : les propositions du ministère comporteraient notamment la possibilité pour les infirmiers de revacciner l'ensemble de la population et ce, pour toutes les pathologies – et plus seulement, contre la grippe, les personnes de 65 ans et plus ou atteintes de pathologies chroniques. Elles étendraient également leur capacité de prescription à certains dispositifs médicaux.
Pas d'enfumage sans feu
Ces mesures sont également des réponse à l'exaspération exprimée le 27 octobre par trois syndicats d'infimiers libéraux (FNI, Convergence infirmière, Onsil), qui ont claqué la porte du Centre national des professions libérales de santé (CNPS) au motif notamment qu' « une initiative parlementaire dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale vise [...] à confier aux pharmaciens un rôle vaccinal ; rien du côté des infirmiers... Alors [que] le 6 octobre dernier, la direction générale de la santé, les Ordres des médecins, pharmaciens, infirmiers et la Haute Autorité de la santé s’entendaient sur la nécessité d’impliquer les trois professions ». Quelques jours après, le 3 novembre, la FNI remontait seule au créneau, accusant l'Ordre des pharmaciens « d'enfumer les députés » en sous-estimant largement le nombre de patients couverts par la vaccination antigrippale pour tenter de justifier auprès de l'Assemblée nationale le vote de l'expérimentation de 3 ans de la vaccination à l'officine. Ambiance. Le président du CNPS, Philippe Gaertner, voit du positif dans les mesures proposées aux infirmiers : « Tout ce qui peut contribuer à augmenter le taux de couverture vaccinale est une bonne chose. » Espérons que cela contribuera également à aplanir les différends.