Le directeur général de l'Assurance maladie Nicolas Revel et les syndicats de pharmaciens arriveront-ils à s'entendre au terme des six séances de négociations – une par semaine – déjà prévues entre fin février et début avril prochain ? Ils n'ont en tout cas pas perdu de temps puisque la réunion du 22 février a permis de défricher nombre de propositions, depuis l'extension des honoraires existants (à la boîte) jusqu'à la création de nouveaux. Si certaines pistes seraient d'ores et déjà délaissées – comme les honoraires spécifiques aux patients bénéficiant de la couverture maladie universelle (CMU) ou de l'aide médicale de l'État (AME) –, de nombreuses autres sont encore sur la table.
Craintes de la Cnam
Parmi les pistes évoquées, des honoraires compensatoires « garantissant un minimum de rémunération au pharmacien en fonction de la valeur de la délivrance », mais aussi des honoraires « médicaments spécifiques », pour les chimiothérapies orales ou les stupéfiants par exemple. Avec cet inconvénient déjà avancé par la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) : « L'évaluation de l'action du pharmacien [est] difficile à appréhender. » Cette crainte de la Cnam concernant la traçabilité de l'action des pharmaciens vaut aussi pour la proposition d'honoraires « spécifiques aux personnes âgées, enfants ou femmes enceintes » ou même pour les interventions pharmaceutiques (adaptation de posologie ou de la durée du traitement, modification de dénomination commune internationale, refus de délivrance...), en plus de possibles « tensions avec les prescripteurs » ! L'ombre des médecins n'est jamais bien loin. Selon l'analyse de Philippe Gaertner, président de la FSPF, la rémunération des interventions pharmaceutiques est pourtant cruciale dans la prochaine convention.
Accord financier
Une fois que les partenaires conventionnels se seront mis d'accord sur la situation économique – des écarts ayant été constatés pour 2016 entre les chiffres de l'Assurance maladie (Medicam) et ceux fournis par IMS Health côté syndicats –, il faudra parler financement. À l'issue de la première séance, Nicolas Revel est resté d'une prudence de Sioux : « Il faut protéger l'économie officinale des pharmaciens des effets des baisses de prix. [...] Les pharmaciens ont des attentes. Il est trop tôt pour en parler [...] même si je n'exclus pas que la rémunération augmente ; des éléments de valorisation pourront permettre des augmentations mais [il n'y aura] pas de garantie minimale de progression ». Les syndicats réclament en effet un engagement financier de l'Assurance maladie dans la nouvelle convention. Prochaine séance le 2 mars, avec au menu le dossier médical partagé (DMP) ou les aides aux officines en difficulté.